Le crowd-butchering – la voie vers un steak durable ?

L’impact environnemental de la production de viande n’est plus un mystère pour personne. En Allemagne, pour pallier au gaspillage une start-up propose d’acheter du bœuf à la demande offrant par ce biais un moyen plus durable de se consommer de la viande.

La consommation de viande est considérée comme l’un des principaux responsables des changements climatiques. Les animaux eux-mêmes libèrent des émissions de gaz à effet de serre et l’élevage consomme de vastes ressources, y compris en terre et en eau.

Une étude réalisée par le projet Future of Food de l’Université d’Oxford a révélé que jusqu’à deux tiers des émissions de gaz à effet de serre pourraient être économisées si nous mangions moins de viande et plus de fruits et légumes.

Un nouveau modèle d’entreprise a été mis au point par deux startups allemandes : après avoir rassuré le client sur l’origine de la viande qu’il va acheter, elles permettent de limiter le gaspillage au minimum.

Le crowd-butchering : le retour de l’ancien modèle de boucherie

Le concept est simple : une vache ou un cochon ne sont abattus que lorsque toute leur viande est vendue.

En fait, ce n’est pas vraiment une idée révolutionnaire. Cette pratique remonte à l’époque où l’agriculture industrielle livrait des coupes emballées dans un film rétractable à la boucherie locale, et que les familles s’associaient entre elles ou aux voisins pour acheter un animal entier.

Seulement maintenant, ce commerce est facilité, puisque la bête est à portée de clic.

Les sociétés KaufneKuh – signifiant « acheter une vache » en allemand – et Geteiltes Fleisch – « viande partagée » – n’offrent que de la viande de petites exploitations aux pratiques relativement durables.

Le client peut  choisir des portions de steak, de steaks hachés pour hamburger ou de viande hachée en vrac de 3,5 kg ou de 7 kg. Tous les emballages sont identiques pour garantir que toutes les parties des animaux sont utilisées et que rien ne soit gaspillé.

Ensuite, pour pouvoir bénéficier de ses morceaux, il suffit au client d’attendre que le reste de l’animal soit vendu. La vache moyenne part pour l’abattoir quand entre 35 et 70 clients se sont manifestés.

A la suite de quoi l’animal est abattu, traité et livré à domicile.

Le crowd-butchering pourrait cependant ne pas convenir au carnivore compulsif. En effet, entre la commande et la livraison, jusqu’à quatre semaines peuvent s’écouler.

Connaitre l’origine de sa viande

Les deux startups estiment répondre au besoin d’une plus grande transparence dans l’industrie de la viande. Les consommateurs, désirent de plus en plus savoir ce qu’ils ont dans leur assiette.

Selon Dennis Vetter, fondateur de Geteiltes Fleisch, il est presque devenu impossible de savoir d’où provient la viande que l’on achète en supermarché, « c’est pourquoi j’ai eu l’idée d’offrir aux clients une viande de haute qualité de manière totalement transparente».

Les clients peuvent savoir de quelle ferme l’animal vient et ce dont il se nourrit avant de passer commande.

Il a même la possibilité de connaitre son âge, son sexe et la race de vache.

Berend te Voortwis, fondateur de KaufneKuh, affirme qu’il ne vend que des « vaches heureuses ».

« Une vache heureuse serait pour moi une vache qui mène une vie décente, qui marche dehors, qui mange une bonne variété de plats végétaliens et qui ne reçoit de traitement médical que lorsqu’elle est malade – et pas en prévention », dit-il.

Manger moins, mais mieux

 Alors la boucherie à la demande pourrait-elle constituer l’’avenir de la consommation durable de viande ?

« C’est un pas dans la bonne direction », déclare Markus Wolter, expert en élevage au WWF Allemagne.

Les directives sanitaires recommandent entre 300 et 600 grammes de viande par semaine. D’un point de vue écologique, le WWF recommande de ne pas consommer plus de 350 grammes par semaine, ce qui correspond à deux le crowd-butchering pourrait aider à réduire la consommation de viande en faisant penser davantage à la réalité de la vie et de la mort des animaux qui se retrouvent dans nos assiettes.

« Le consommateur se rend compte de ce que la consommation de viande implique. C’est un excellent moyen de promouvoir la consommation consciente ».

Dennis Vetter, le fondateur de Geteiltes Fleisch conclue en disant que « tant que les gens ne sont pas disposés à remettre en question les conditions de vie des animaux d’élevage intensif et, surtout, ne sont pas disposés à payer un prix juste pour des produits de haute qualité, les grands producteurs ne changeront rien. »

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