Accident de Centraco : l’ASN révèle les « cachotteries » d’EDF à Marcoule

Plus de 15 jours après l’accident de Marcoule, on ne sait toujours pas exactement ce qui s’est passé dans le four de Centraco, le centre nucléaire de traitement et de conditionnement des déchets faiblement radioactifs. Répondant notamment à une interpellation de la Criirad, l’ASN vient de confirmer les craintes du laboratoire indépendant en décidant de soumettre le redémarrage des fours à autorisation préalable et de classer l’accident au niveau 1 de l’échelle INES.

Par la voix notamment de son président Roland Desbordes sur Enviro2B, la Criirad s’est inquiétée du manque de transparence de l’exploitant comme des autorités, dans l’affaire de l’accident survenu le 12 septembre dernier, dans le four de fusion de l’installation Centraco. Implanté sur la commune de Codolet, dans le Gard, ce four a causé la mort d’un salarié et en a blessé quatre autres, dont un gravement. Aucun d’entre eux ne présente de contamination radioactive affirme l’autorité de sûreté nucléaire.

30 MBq au lieu de 63 kBq

Après vérification, l’ASN révèle que le four de fusion contenait, au moment de l’accident, une charge d’environ 4 tonnes de métal pour une activité de l’ordre de 30 MBq et non de 63 kBq comme l’a initialement indiqué l’exploitant. Si cette valeur reste faible, l’ASN a cependant demandé à l’exploitant des explications sur les raisons de cette sous-évaluation.

Le local dans lequel se trouve le four a été partiellement endommagé. Toutefois, le bâtiment de l’unité de fusion à l’intérieur duquel se trouve le local du four n’a pas été endommagé. Le local du four a été mis sous scellés par le procureur de la République pour l’enquête judiciaire et n’est pas accessible précise l’ASN.

L’ensemble des mesures de la radioactivité dans l’environnement, effectuées par l’exploitant puis par les services publics de pompiers spécialisés et l’IRSN, l’appui technique de l’ASN, confirment l’absence de conséquences radiologiques de cet événement pour la population et l’environnement. Aucune action de protection des populations n’a été nécessaire, affirme l’autorité française, sans préciser la nature précise de ces mesures.

Enquêtes en cours

La division de Marseille de l’ASN s’est rendue sur le site dès que l’accident s’est produit et a ouvert une enquête technique le mardi 13 septembre afin de comprendre les circonstances dans lesquelles l’accident est survenu et d’en identifier les causes techniques, organisationnelles et humaines. En parallèle de l’enquête technique menée par l’ASN, une enquête est conduite par l’inspection du travail ainsi qu’une enquête judiciaire.

Dans le cadre de cette enquête judiciaire, l’ASN précise qu’elle a été réquisitionnée pour apporter une assistance technique à la justice. Le mardi 20 septembre, la juge d’instruction saisie du dossier a rencontré les inspecteurs de l’ASN.

Au cours de cette mission, les inspecteurs de l’ASN ont de ce fait accès à tous les documents et locaux placés sous scellés, afin de mener leurs investigations. Une copie du rapport d’enquête de l’ASN sera transmise à la justice dans les semaines à venir. Ces informations étant protégées par le secret de l’instruction, elles ne pourront pas faire l’objet des modalités de communication publique habituellement mises en ?uvre par l’ASN.

Accident « grave » mais seulement classé au niveau 1

Sans préjudice des mesures qui pourront être prises dans le cadre de la procédure judiciaire, l’ASN a décidé de soumettre à autorisation préalable le redémarrage des fours de fusion et d’incinération, qui avaient été arrêtés peu après l’accident. Cela a fait l’objet d’une décision du collège de l’ASN en date du 27 septembre 2011.

Si les enjeux strictement radiologiques de cet événement sont « limités » pour l’ASN, l’autorité de sûreté considère toutefois qu’il s’agit d’un accident industriel « grave » en raison de ses conséquences humaines. L’ASN a classé l’évènement au niveau 1 de l’échelle INES (échelle internationale des événements nucléaires, graduée de 0 à 7 par ordre croissant de gravité) en raison de la faible activité radiologique du four de fusion.

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