L’accident de Marcoule relance le débat de la sûreté nucléaire

A lendemain de l’accident mortel survenu hier sur le site nucléaire de Marcoule, EDF se veut aujourd’hui rassurant. « Il n’y a eu aucun rejet chimique ou radioactif » et « il n’y a aucun risque de rejet à venir » assure l’électricien français, qui a chuté hier en Bourse, après l’annonce de cette explosion.

L’accident d’exploitation sur un four de fusion de déchets métalliques a été maîtrisé à 13h06 par les équipes d’intervention de l’usine de la Socodei, filiale d’EDF. Le local dans lequel se trouve le four est « intègre » précise le communiqué du groupe. Les deux fours de l’installation ont été arrêtés.

« Il n’y a eu aucun rejet chimique ou radioactif. Il n’y a aucun risque de rejet à venir » prévient EDF. En revanche, l’explosion a provoqué la mort d’un salarié de fonderie qui se trouvait à proximité du four. Par ailleurs, quatre autres personnes ont été blessées, dont une se trouve dans un état grave et a été évacuée vers Montpellier.

Mis en service en 1999, le four concerné fond des déchets métalliques faiblement radioactifs du type vannes, ou pompes outils et des métaux non ferreux par induction. Les déchets ultimes, sous forme de lingots, occupent un volume dix fois inférieur aux ferrailles initiales affirme EDF.

Enquête lancée

L’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN), la préfecture, la Commission Locale d’Information (CLI) et l’inspection du travail ont été prévenues. Une enquête est diligentée afin de déterminer les causes exactes de l’accident d’exploitation survenu dans le four précise le communiqué du groupe.

Tout juste 6 mois après l’accident nucléaire de Fukushima, l’accident de Marcoule a naturellement inquiété les riverains du site gardois, et fait réagir les associations, les politiques et même le marché boursier, où le titre EDF a perdu immédiatement 6 %, suite à l’annonce de cet accident. Logiquement, les anti-nucléaires se sont fait entendre hier après-midi, dénonçant les risques de l’industrie nucléaire, et son manque de sûreté.

Le PS a fait savoir qu’il exigeait que l’audit des centrales soit étendu à l’ensemble des activités connexes au nucléaire et aux sites de stockage, comme celui de Marcoule. Eva Joly, a affirmé de son côté que cet accident prouve une nouvelle fois « le risque inacceptable que constitue le nucléaire pour la vie humaine ». « L’heure est venue de sortir du nucléaire » a répété la candidate Europe Ecologie-Les Verts.

« Délectation malsaine » pour Eric Besson

Côté gouvernement, Eric Besson, ministre de l’Energie, a rapidement précisé qu’il s’agissait d’ «  un accident industriel et non pas un accident nucléaire » tout en  critiquant « la délectation jubilatoire de certains » face à ce type d’accident, la jugeant « malsaine ». Choisissant de se déplacer immédiatement sur place hier, Nathalie Kosciusko-Morizet, a affirmé quelques heures seulement après l’accident, qu’il n’y avait « aucune raison de s’inquiéter ».

Filiale d’EDF, la Socodei est implantée à Codolet dans le Gard. Le site Centraco assure le traitement et le conditionnement des déchets de faible activité, par fusion ou incinération, issus de la maintenance et de la déconstruction des installations nucléaires, des hôpitaux et des laboratoires de recherche.

L’usine Centraco avait été épinglée en 2008 et 2009 par l’Autorité de sûreté nucléaire rappelle Le Figaro. Les inspecteurs de l’ASN avaient noté des écarts par rapport à la réglementation sur la protection des employés contre la radioactivité. Le 25 mai dernier, un dysfonctionnement sur l’alarme incendie de l’incinérateur lors d’un essai avait été classé niveau 1 (sur 7) sur l’échelle Ines.

Des « lacunes dans la culture de sûreté » selon l’ASN

Par ailleurs, l’ASN avait demandé à la Socodei de revoir son plan d’urgence interne (PUI) jugé insuffisant. Le rapport annuel 2010 de l’autorité française évoquait « le constat de lacunes dans la culture de sûreté au sein de l’installation Centraco », en précisant cependant que « les mesures correctives mises en place par l’exploitant commencent à porter des effets sur le terrain ».

Unique en Europe, l’usine de Centraco annonce avoir déjà traitée plusieurs dizaines de milliers de tonnes de déchets radioactifs, par fusion et incinération, depuis sa mise en service en 1999.

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