Fermée depuis 2007, l’école polluée était-elle dangereuse ?

Côte d'OrL’Afsset et l’InVS (Institut national de veille sanitaire) publient un rapport sur l’exposition des usagers à une école fermée en Bourgogne en 2007 pour cause de pollution de l’air intérieur. Les agences sanitaires se veulent rassurantes sur les conséquences de cette exposition.

Dans le cadre d’une campagne de mesures de pesticides dans l’air ambiant conduite en août 2007 par l’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail (Afsset) dans trois écoles de la commune de Chenôve en Côte-d’Or, des niveaux de contamination anormalement élevés de composés de traitement du bois avaient été mis en évidence dans plusieurs classes de l’école élémentaire des Bourdenières.

Cette campagne a été réalisée suite à l’analyse par l’Afsset des mesures de pesticides en air extérieur et intérieur, conduites en août 2006, par l’association agréée de surveillance de la qualité de l’air de la région Bourgogne. En effet, des niveaux élevés de plusieurs composés de la famille des hexachlorocyclohexanes, notamment de lindane avaient été mesurés dans une salle de classe.

La campagne de mesures complémentaires menée en 2007, à la demande de l’Afsset, est allée dans le même sens que ces premiers résultats. De plus, elle a mis en évidence une contamination des poussières et du mobilier. L’échantillonnage des matériaux de construction a permis d’identifier la structure soutenant le plafond comme source d’émission principale.

Ecole fermée en 2007

Compte tenu de la toxicité de ces composés, de la vulnérabilité de la population concernée et d’une première appréciation des risques, l’Afsset a alerté ses ministères de tutelles le 6 septembre 2007. Les risques d’intoxication aigüe liés à ces composés ont pu être rapidement écartés chez les enfants et le personnel fréquentant cette école.

Cependant, il apparaissait nécessaire à l’autorité sanitaire d’estimer les risques sanitaires potentiels liés à une exposition chronique des usagers du groupe scolaire des Bourdenières (école élémentaire et école maternelle, dont le bâtiment présente les mêmes caractéristiques de construction) et, pour cela, de compléter les investigations environnementales dans l’école. Dans ce contexte, à la demande du ministère chargé de la santé, le préfet de la région Bourgogne et le maire de Chenôve ont décidé la fermeture de l’ensemble du groupe scolaire des Bourdenières le 17 septembre 2007.

Selon les résultats de cette expertise, « l’évaluation des risques permet d’écarter la survenue d’effets sanitaires pour les usagers, en considérant les niveaux de concentration des composés de traitement des bois récemment mesurés dans le groupe scolaire des Bourdenières. » « Il n’apparaît donc pas pertinent de mettre en place un suivi sanitaire pour ces usagers » précise l’Afsset.

S’agissant des usagers exposés plus anciennement et depuis la construction de l´école, l’étude se pose la question de l’évaluation des niveaux d’exposition de cette époque et donc la caractérisation des risques qui en résultent. L’analyse de l’information scientifique existante montre que l’apparition de problèmes de santé notoires au long terme (cancers) liés à l’exposition passée ne pourrait être évoquée que pour des expositions durant plusieurs années à des niveaux de concentrations beaucoup plus élevés que ceux mesurés en mars 2008, rappelle l’Afsset.

Pas de suivi sanitaire spécifique pour les populations exposées

Dans les données de la littérature scientifique, il n’y a pas de preuve qu’une exposition chronique aux produits étudiés causerait chez l’homme les cancers observés chez l’animal, affirme l’étude. Ces cancers sont par contre, chez l’homme, dus à un grand nombre d’autres facteurs en dehors de l’école (alimentation, expositions à d’autres produits dans d’autres milieux, maladies infectieuses?). Dans ces conditions, il n’y a pas lieu de mettre en place un suivi sanitaire spécifique pour les populations ayant fréquenté le groupe scolaire des Bourdenières, conclut l’Afsset.

Selon l’agence de sécurité sanitaire, « une étude épidémiologique ne pourrait apporter aucune information complémentaire à l´évaluation de risques ». En effet, il faudrait suivre une population exposée de taille bien supérieure à celle des usagers de l’école pour pouvoir se prononcer sur des différences éventuelles quand à la fréquence des cancers au sein de cette population par rapport à la population générale.

A l’issue de son expertise, le CST recommande le développement de méthodes, validées et standardisées, de prélèvement et d’analyse, des pesticides dans l’air et les poussières (sur les sols et le mobilier), l’acquisition de données et paramètres d’exposition de la population générale aux pesticides (alimentation, concentrations dans les milieux intérieurs et extérieurs, concentrations dans l’organisme) et aux poussières (exemple : taux d’ingestion de poussières dans les milieux intérieurs).

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