L’Union européenne est le moteur de la réduction des émissions de carbone au niveau mondial, mais s’efforce également de garantir que la transition verte n’en fera pas un désert industriel, avec une série de mesures qui doivent être annoncées courant mars.
La compétitivité industrielle de l’Europe par rapport aux États-Unis et à la Chine, les deux plus grandes économies du monde, est devenue une préoccupation majeure dans l’ensemble du bloc 30 ans après la création de son marché unique sans frontières, qui, selon certains, doit maintenant faire l’objet d’une refonte majeure.
Les futures annonces comprennent des propositions législatives visant à faciliter la production nationale de fournitures essentielles et à rationaliser les subventions pour les projets verts, et abordent également la question controversée des aides d’État. Les mesures seront présentées devant le sommet des dirigeants de l’UE les 23 et 24 mars pour discuter et orienter la réponse de l’UE.
Beaucoup dans l’UE craignent que la loi sur la réduction de l’inflation du président américain Joe Biden, qui offre 369 milliards de dollars de subventions vertes qui ne s’appliquent souvent qu’aux produits fabriqués en Amérique du Nord, puisse attirer des entreprises hors d’Europe, permettant aux États-Unis de devenir le géant des technologies propres aux dépens de l’Europe.
Pour le commissaire européen aux marchés intérieurs, Thierry Breton, il est clair que les États-Unis et la Chine cherchent à attirer des capacités industrielles hors d’Europe et à la rendre ainsi dépendante de leurs industries à l’avenir : « Ou pour le dire plus crûment – ils sont engagés dans une course aux subventions. Pas nous, eux. »
L’UE aime se considérer comme un champion de la lutte contre le changement climatique avec son objectif de neutralité carbone d’ici 2050 et des objectifs d’émissions stricts pour 2030.
Mais si le bloc européen détient des positions fortes dans certains secteurs verts, il risque d’être distancé dans les technologies.
Dépendance des approvisionnements
En ce qui concerne les brevets sur les futures technologies numériques et vertes clés, l’Europe est en retard sur les États-Unis dans tous les domaines, selon un rapport du McKinsey Global Institute qui a montré que les deux étaient derrière la Chine et d’autres pays d’Asie de l’Est en matière de technologies propres.
L’approvisionnement en minerais vitaux pour la transition verte est un défi supplémentaire, la Chine transformant près de 90 % des terres rares et 60 % du lithium, élément clé pour les batteries.
L’Union Européenne fera également des propositions pour rationaliser l’octroi de permis pour les projets verts.
Vient ensuite l’épineuse question des subventions et d’un éventuel futur Fonds de souveraineté européen, une idée évoquée pour la première fois par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, l’année dernière.
Les deux sujets divisent. Soutenue par la France et l’Allemagne, la Commission a proposé d’assouplir les règles en matière d’aides d’État pour permettre les investissements verts, ce qui pourrait s’étendre aux subventions équivalentes offertes ailleurs pour les technologies nettes zéro.
Certains pays de l’UE se plaignent de ne pas pouvoir égaler les sommes offertes par les deux plus grandes économies de l’UE.
Thierry Breton soutient que le fonds de souveraineté contribuerait à garantir des conditions de concurrence équitables entre les pays de l’UE qui n’ont pas la même capacité à fournir des aides d’État, avec un financement par emprunt conjoint.
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