Emissions carbone, invendus, pesticides : LVMH ne laisse plus rien passer

Antoine Arnault, Hélène Valade et Stella Mc Cartney parviendront-ils à rendre le groupe LVMH et ses 75 marques de luxe éco-responsables ? « Oui », selon les intéressés, qui réaffirment dans le magazine ELLE de cette semaine l’engagement environnemental du groupe.

La crise sanitaire a frappé l’industrie du luxe, mais sans pour autant relayer au second plan « l’éco-responsabilité » qui pèse sur le secteur. « Le premier confinement a permis de prendre du temps et du recul. Il a favorisé une certaine prise de conscience. Nous voulons faire émerger un luxe nouveau, avec des produits qui soient la signature de notre rôle sociétal » affirme Antoine Arnault, directeur général de Berluti et directeur de l’image de LVMH.

Excès et démesure

Tout un programme, face aux excès d’une industrie qui repose souvent sur le caractère spectaculaire et monumentale de ses créations ou de ses défilés… Qu’on se rappelle le show de Fendi sur la Grande Muraille de Chine (9 millions d’euros) en 2007. Ou encore la construction d’un train à vapeur chez Marc Jacobs (7 millions d’euros) en 2012. Plus récemment, Chanel construisait un paquebot de 110 mètres de long dans le Grand Palais. A l’époque, tout semblait permis.

Mais les temps ont changé. Sous la pression des millenials, les marques ont amorcé leur mue, quand d’autres affirment que ce changement de paradigme a été intégré il y a bien longtemps. « En ce qui concerne LVMH, cela fait près de trente ans. Le département Environnement a été créé en 1992, quand ce n’était pas une préoccupation encore très répandue » rappelle Antoine Arnault. Hélène Valade, en charge du département Développement Environnement de LVMH surenchérit : « On ignore, par exemple, que LVMH a participé à établir la méthode du bilan carbone avec l’Ademe, à la fin des années 1990. Ou que le groupe a collaboré avec la Fondation pour la recherche sur la biodiversité, en préparation du Protocole de Nagoya ».

Récupérer et recycler

Voilà pour la prise de conscience. Mais comment se traduisent aujourd’hui ces exigences éco-responsables ? «Chez Berluti, les chutes de cuir sont récupérées par l’artiste Jorge Penades, qui en fait des meubles destinés aux boutiques de la marque et aux hôtels Belmond» précise Antoine Arnault. «Chez Vuitton, Virgil Abloh a présenté cet été une collection qui revisitait des looks de saisons précédentes et utilisait des matières recyclées.» ajoute Hélène Valade. « En Turquie, Stella McCartney incite les agriculteurs à produire du coton sans pesticides, avec du bio compost qui fertilise les sols et augmente leur capacité de stockage du carbone ».

Car la créatrice britannique Stella McCartney (fille de Paul), pionnière de la mode durable et conseillère de Bernard Arnault sur les questions environnementales et de bien-être animal, veille au grain et ne lâche rien. «Stella, qui a été pionnière sur le sujet dans le secteur de la mode, nous aide énormément à avancer». « Depuis qu’elle a intégré le groupe, en 2019, elle nous challenge constamment. Hélène et moi l’avons sur WhatsApp non-stop. Elle déborde d’idées et a toujours une start-up à nous faire rencontrer… ».

Agir sur toute la chaine de production

L’occasion pour le fils de Bernard Arnault de préciser au passage que « mode » et « luxe » ne recouvrent pas la même réalité. Si le secteur de la mode connaît les excès de la fast-fashion, et donc des invendus, le secteur du luxe lui est ontologiquement « durable » : «  On fabrique en petites séries et la quasi-totalité de nos maisons a peu ou pas d’invendus (…), il ne viendrait à l’idée de personne de comparer un fast-food et un restaurant ».

La révolution écologique n’est pas une mince affaire et nécessite d’agir sur les émissions carbone de tous les fournisseurs du groupe. Un vrai défi qui devrait occuper LVMH pour les années à venir. « Ce ne sera pas facile, ils sont des dizaines de milliers, mais c’est notre mission pour être dans la trajectoire de l’accord de Paris. » conclut Hélène Valade.

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