Marée noire : BP s’en lave les mains

Le pétrolier britannique vient de publier hier son rapport d’enquête sur les causes de l’accident sur la plate-forme « Deepwater Horizon ». Si BP admet certaines erreurs, le géant britannique considère que la catastrophe est plus la conséquence de dysfonctionnements diffus et de défaillances partagées avec ses sous-traitants.

BP pratique l’autocritique avec modération. Après des mois passés à gérer l’urgence de la marée noire dans le Golfe du Mexique, l’heure est venue de faire la lumière sur les responsabilités dans cette catastrophe écologique et économique qui a fait 11 morts. Sans surprise, la multinationale a tendance à s’exonérer de ses responsabilités dans cet accident, en niant toute négligence grave.

Dans le cadre de la loi américaine du Clean Water Act qui prévoit le montant des pénalités en cas de marée noire, BP risque une amende de 1.100 dollars par baril échappé en mer, et 4.300 dollars en cas de négligence grave. Au regard des quelque 4 milliards de barils qui auraient été déversés dans le Golfe du Mexique, BP risquerait une amende record de 5 à 17 milliards de dollars, suivant le niveau de responsabilité établi.

BP mouille Halliburton et Transocean

Le rapport d’enquête interne de BP sur l’explosion de la plate-forme « Deepwater Horizon » dilue sa responsabilité dans « une série de défaillances impliquant des parties différentes » dont BP bien sûr, mais aussi Halliburton et Transocean. Pour BP, la catastrophe résulte non d’une « action ou d’une absence d’action unique » mais d’« une série complexe et imbriquée de défaillances mécaniques, d’erreurs de jugement, de conception d’ingénierie, de mise en oeuvre opérationnelle et de coopération entre équipes ».

Réalisé par une équipe composée d’experts internes mais également externes, le rapport cible 8 failles techniques majeures à l’origine de l’explosion de la plate-forme. Sur la base de ses principales conclusions, l’équipe d’enquête propose 25 recommandations pour prévenir la répétition d’un tel accident. Les recommandations visent à renforcer la sécurité des forages offshore : obturateurs anti-éruption, contrôle du puits, pression d’essai, systèmes d’urgence, essais de ciment, audit de forage et de vérification, ou encore compétence du personnel.

« Sur la base de ce rapport, il apparaît improbable que la conception du puits, dont BP est responsable, ait contribué à l’accident », affirme le directeur général, Tony Hayward. Réagissant à ce rapport, Transocean a immédiatement accusé BP de dissimuler plusieurs « éléments cruciaux » dans cette affaire.

Version différente de Washington

Pour rappel, la Commission sur l’énergie du Congrès américain avait publié en juin dernier un rapport assez différent de celui de BP. En substance, les autorités américaines critiquaient la gestion à risques du pétrolier britannique dans la conception de son puits, privilégiant la réduction des coûts à la sécurité.

Fortement impacté financièrement par cette catastrophe, BP aurait déjà perdu 8 milliards de dollars depuis l’incident de sa plateforme, dans la gestion de cette affaire. Pour pallier aux conséquences financières à prévoir de cette marée noire, le pétrolier britannique aurait décidé de porter son programme de cession d’actifs à 40 milliards de dollars (31 milliards d’euros) contre 30 milliards de dollars initialement.

Pour en savoir + : Consulter le rapport de BP

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