La taxe carbone en stand-by, Borloo et Jouanno déçus

Après la confirmation hier, par François Fillon que le gouvernement reportait son projet de taxe carbone, Jean-Louis Borloo et Chantal Jouanno ont pris acte de la décision du gouvernement. Si la secrétaire d’Etat à l’Ecologie s’est dite « désespérée« ,  elle estime que le gouvernement ne peut pas renoncer à tout.

Déçu de la décision de François Fillon de remettre à plus tard le projet de taxe carbone en France, Jean-Louis Borloo continue toutefois de croire que « la fiscalité écologique reste une grande idée, absolument indispensable pour accélérer la mutation écologique et économique de notre pays. Je reste convaincu de sa nécessité. Cependant, la contribution carbone a été l’otage de débats qui ont dépassé largement le champ de l’écologie et qui ont conduit à une profonde incompréhension. Je suis, à titre personnel, déçu par toutes ces controverses et ces malentendus. Cette incompréhension ne doit pas altérer les avancées majeures obtenues dans le cadre du Grenelle Environnement et de la révolution écologique qui est en marche, notamment les 70 mesures de fiscalité écologique déjà adoptées. Aujourd’hui, il faut se poser, remettre le travail sur le métier, dans la sérénité, et avec l’ensemble de nos partenaires. Je continuerai à me battre pour cette grande idée ».

Face aux vives critiques entendues depuis hier et émises par des membres de l’opposition ou les écologistes, Jean-Louis Borloo souhaite également rappeler que ce sont les parlementaires de la majorité qui ont voté en faveur de la création d’une contribution carbone, dans le cadre du PLF 2010. Il regrette donc que les socialistes et certains écologistes qui n’avaient pas voté la taxe carbone en son temps, s’émeuvent et critiquent aujourd’hui la décision d’une coordination au niveau européen.

La détermination de Chantal Jouanno

De son côté,  Chantal Jouanno n’a pas caché sa déception. Invitée ce matin sur RTL, elle dénonçait une montée de « l’écolo-scepticisme« . « Tous ces discours qui consistent à dire ‘si l’économie va mal c’est à cause de l’écologie, si l’agriculture va mal c’est à cause de l’écologie, si la société va mal c’est à cause de l’écologie’, ça non ». « On ne peut pas l’accepter parce que c’est l’avenir de nos enfants qui est en jeu. On ne peut pas renoncer à tout« , expliquait-elle.

S’agissant d’une taxe carbone européenne, la secrétaire d’Etat estime qu’il n’est pas nécessaire pour la France d’attendre que cette dernière soit mise en place pour lancer sa propre taxe. « Les deux sujets n’ont pas à être liés. Il y a plusieurs pays européens qui ont mis en place une taxe carbone ou une contribution carbone, que ce soit le Royaume-Uni, le Danemark, la Suède ou même plus loin la Norvège, qui économiquement ne s’en sortent pas plus mal, loin de là ».

Invitée à présenter sa démission par Daniel Cohn-Bendit pour cause de ‘chômage technique’,  Chantal Jouanno réplique que « le rôle d’un ministre, ce n’est pas de gagner un salaire, c’est de défendre ses idées. S’il ne défend pas ses idées, s’il ne les exprime pas, à mon avis il ne sert pas à grand-chose. Je reste totalement déterminée« .

Barouin, bon élève

Enfin, la ministre de l’Economie, Christine Lagarde, a assuré de son côté que la taxe carbone française n’était pas abandonnée. « Le Premier ministre a été très clair, il a dit que le principe de la taxe carbone n’était pas abandonnée. L’objectif demeure« , expliquait-elle hier sur M6. Mais il faut « le faire en coordination avec nos voisins européens », car le faire « tous seuls, isolés« , risquerait « de plomber la compétitivité des entreprises » françaises. Elle se montre même très optimiste en déclarant que le projet de taxe carbone européenne figure déjà sur la feuille de route d’Algirdas Semeta, commissaire européen chargé de la fiscalité.

Quant à François Barouin, le tout nouveau ministre du Budget qui s’exprimait sur le sujet hier sur France 2, il salue l’initiative du Premier ministre. « Nous sommes encore dans la crise, et il est certainement plus sage de ne pas créer une distorsion de concurrence entre les pays européens (…) Que la France soit le porte-parole de cette taxe carbone, mais à l’échelle européenne, est une bonne mesure« .

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