Pourquoi le gazole ne risque pas de baisser

station_service.jpgIl est loin le temps où l’on faisait des économies avec le diesel. En pleine flambée des cours du baril de brut, les prix à la pompe du litre de diesel ont littéralement explosé au point de rattraper voir de dépasser les prix de l’essence. Et ce n’est pas prêt de s’arrêter.

Bien sûr, la formidable hausse des prix à la pompe du gazole s’explique par la flambée des cours du pétrole brut. Une situation qui s’explique notamment par une forte demande des nouveaux venus comme la Chine ou l’Inde, une inquiétude quant à la ressource, des problèmes de stocks, un dollar très bas, une forte spéculation… mais pas seulement. Car le gazole subit bien entendu cette conjoncture très défavorable mais également un grave déficit de raffinage.

En très forte croissance depuis plus de 20 ans, la consommation de diesel en Europe avoisine aujourd’hui les 200 millions de tonnes par an contre seulement 100 millions de tonnes pour l’essence qui a connu une évolution inverse. Les incitations gouvernementales associées aux propositions multiples des motoristes notamment Français ont développé un parc automobile particulièrement « diésélisé » dans l’Hexagone.

Déficit de raffinage

Amoureux du diesel, les automobilistes français sont aujourd’hui piégés. Ayant fait le choix de cette motorisation souvent par souci d’économie, ils se retrouvent à tirer la langue à chaque passage à la pompe. Car les installations européennes de raffinage n’ont pas suivi cette évolution des motorisations.

Les compagnies pétrolières produisent en Europe paradoxalement trop d’essence et pas assez de gazole. Conséquence d’une sous-capacité de raffinage du diesel estimée à 15%, le secteur enregistre une tension naturelle des prix qui vient se rajouter à la flambée actuelle des cours de baril de brut. Le raffinage est une opération complexe, en particulier celui du diesel, très différent de l’essence. Et les coûts d’investissements pour toute modification en profondeur des outils de raffinage peuvent se chiffrer en plusieurs centaines de millions d’euros.

Une essence redevenue compétitive

Et cette situation très tendue sur le marché du diesel ne serait pas prêt de s’arranger. Selon les experts, la demande de gazole devrait continuer à progresser en Europe. Au point même d’inverser rapidement la tendance et remettre l’essence à l’honneur.

Car au-delà de la question des prix, des infrastructures, les pétroliers ne souhaitent pas nécessairement accompagner le « tout diesel ». Bien au contraire, la plupart des raffineurs considèreraient que cette nouvelle situation d’équilibre entre diesel et essence voir de déséquilibre en faveur de l’essence devrait permettre progressivement de redonner de l’attrait à cette carburation. Quitte à prendre en otage tous les diésélistes qui ont cru jusqu’à peu de temps encore détenir la carburation magique.

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