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« Mon grand-père devait se cacher pour faire ce métier »

pascal_secula_federec.JPGPascal Secula, président de Federec (Fédération des entreprises du recyclage) et du groupe familial SECULA implanté en Bourgogne.

Qu’est-ce que Federec ?

C’est une fédération professionnelle qui regroupe les entreprises du recyclage. Son implantation est nationale avec un découpage selon huit grandes régions, huit grands syndicats régionaux. On compte également 12 syndicats nationaux qui représentent les différentes activités spécifiques à notre métier.

Les entreprises adhèrent à leur syndicat de région et à travers cette adhésion, à la Fédération. La Fédération est composée en son conseil d’administration des représentants des syndicats, des présidents des syndicats nationaux et ceux des syndicats régionaux.

Nous comptons environ 1000 entreprises. Notre secteur est très vaste puisqu’il compte environ 2500 entreprises, et la Fédération représente environ 60% du volume d’activité. Beaucoup des entreprises qui n’adhèrent pas sont des petites entreprises.

Comme toute fédération, nous existons pour défendre les intérêts de la profession. S’agissant du recyclage, il existe une convention collective spécifique à nos métiers et Federec est en relation, en négociation permanente avec les partenaires sociaux. Nous sommes également en contact direct avec les pouvoirs publics, pour faire passer les messages de nos adhérents.

Quelle est l’actualité du recyclage ?

Depuis deux trois années maintenant, notre actualité tourne autour de l’explosion des cours des matières premières due à une demande de marchandises supérieure à l’offre ce qui créé un déséquilibre, avec l’arrivée sur ce marché de nouveaux pays comme par exemple les pays asiatiques dont la Chine. On assiste donc à une mondialisation du marché, les marchés se sont ouverts et les entreprises de recyclage se sont donc organisées pour produire de nouvelles matières que nous exportons de plus en plus à travers ce marché libre.

Aujourd’hui, la demande est donc satisfaite soit par les matières premières « vierges », soit par des matières premières recyclées. Devant l’affaiblissement et la diminution des ressources naturelles, les matières premières recyclées ont le vent en poupe et j’estime que c’est un juste retour des choses. Il faut profiter du gisement des matières premières recyclées pour pouvoir fournir.

Le profit retiré par nos entreprises à l’heure actuelle, c’est avant tout l’image environnementale véhiculée par notre activité. Avant, mon grand-père, qui faisait ce métier devait se cacher, aujourd’hui, moi, pour faire le même métier, je suis sur le devant de la scène.

Ressentez-vous les effets du Grenelle ?

Oh non, pas du tout… C’est justement l’un des objectifs du salon, nous organisons une table ronde sur le sujet « Le Grenelle, de la théorie à la pratique ». Le Grenelle a été une très grande messe où nos fédérations professionnelles ont eu du mal à se faire entendre. Federec était présent, mais c’est réellement maintenant qu’il faut que nous travaillons pour faire passer nos messages sur le recyclage.

Quels sont ces messages ?

Notre principal message est « on collecte un déchet, on produit une matière première ». Par ailleurs, il faut également qu’une réelle réglementation existe sur ce secteur, et elle existe puisque nous sommes des installations classées pour la protection de l’environnement. Mais au-delà de cela, ce qu’il ne faut pas c’est que cette règlementation freine le libre échange de ces marchandises.

Certains pourraient être tentés à tort, de dire qu’il faut freiner les exportations. Si demain, les matières qui sortent de nos sites de recyclage ne peuvent plus quitter le territoire français, il faudra alors rouvrir des unités d’incinération ou des centres de stockage.

Est-il question de limiter les exportations de déchets ?

Il y a actuellement des discussions au niveau européen, mais également au niveau français, concernant les règlementations déchets/non déchets, et des lobbies assez forts préfèreraient voir les déchets restés en Europe plutôt que de les voir partir. C’est pour eux la sécurité d’avoir un produit de base moins cher : en limitant sa circulation, on en limite sa valeur.

Selon nous, il faut un libre échange contrôlé, il faut que ces matières soient reconnaissables, identifiables, normées si nécessaire, et c’est là-dessus que l’on se bat.

Vous êtes organisateur du Salon des Nouvelles Matières Premières qui se tiendra en juin prochain à Strasbourg….

C’est la première fois que Federec se lance dans ce type de manifestation. On a un vrai message à faire passer et le moment et le lieu sont opportuns, Strasbourg, juste avant la future présidence française de l’Europe.

Depuis quelques mois, nous avons développé notre lobby auprès du monde politique. Nous avons rencontré des sénateurs, j’ai personnellement rencontré le président de l’Assemblée nationale Bernard Accoyer et nous devons prochainement rencontré des députés… On tente de leur expliquer que dans le cadre de leurs commissions environnement, de commissions recyclages, nous devrions être associé à leurs travaux.

N’attendons pas que les lois sortent pour nous intégrer aux discussions. Notre message plait et passe plutôt bien et c’est comme cela que l’on s’est retrouvé au Sénat dernièrement à discuter avec la commission environnement et déchets. Ce salon est donc l’occasion pour nous de poser le débat et la discussion.

> Pour en savoir + : www.federec.org

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