Électricité verte : l’essor des PPA en entreprises

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En plein contexte de transition énergétique, les entreprises françaises s’attachent à augmenter leur part de consommation d’électricité verte. Pour ce faire, de nombreuses solutions s’offrent à elles, comme l’autoconsommation, les garanties d’origine, les offres vertes et les plus récents « Corporate Power Purchase Agreement » (PPA). Explications.

Dans le domaine de l’énergie, la transition s’accélère. D’après une étude intitulée « Futurs énergétiques 2050 », réalisée par le Réseau de Transport d’Électricité, la consommation d’électricité en constante augmentation finira par se substituer aux énergies fossiles. Mais bien que le parc électrique français soit, de fait, largement décarboné puisque issu du nucléaire, « atteindre la neutralité carbone en 2050 est impossible sans un développement significatif des énergies renouvelables », note RTE.

Et dans cette optique, la France pourrait bien devoir compter sur ses sociétés qui se sont saisies de la question des énergies renouvelables et avancent sur le chemin de la transition.  « Il y a une prise de conscience de plus en plus forte des entreprises et industriels pour intégrer les énergies renouvelables », soulignait Gwenaël Guyonvarch, de l’Agence de la transition écologique (Ademe), à Novethic.

4 solutions majeures

Bonne nouvelle pour les industriels français : les outils pour opérer cette transition existent. Citons les quatre principaux. Les garanties d’origine permettent aux entreprises de prouver et tracer l’achat d’une quantité déterminée d’énergie renouvelable. Les entreprises peuvent également souscrire à une offre de fourniture d’électricité verte auprès d’un fournisseur. Autre solution, celle de l’autoconsommation. Une entreprise peut ainsi  consommer une énergie verte directement produite sur son site par des installations de panneaux photovoltaïques (PV) en toiture ou en ombrières de parking.

Enfin quatrième option, celle des Corporate Power Purchase Agreement (PPA) et leur alternative spécifique à l’énergie verte : les green PPA. Venu des Etats-Unis, ce dispositif tend à se développer de plus en plus en France auprès d’acteurs cherchant à verdir leur approvisionnement en électricité. Selon le baromètre des achats d’énergie verte en France de Capgemini Invent, rien qu’au deuxième trimestre 2021, « six nouveaux Corporate PPA ont été contractés par SNCF Energie, Ilek, IBM France, Bouygues Telecom, Auchan et Eureden, pour un total de 262 GWh ».

En France les PPA court terme (entre 3 et 5 ans) concernent majoritairement des actifs de production d’énergie existants, la plupart étant des parcs éoliens en fin de subvention. Grâce aux PPA, ces sites de production peuvent étendre leur durée de vie.  Les PPA long terme (de 15 ou 20 ans) concernent quant à eux de nouveaux moyens de production, comme les parcs photovoltaïques. La construction rapide d’un parc photovoltaïque rend possible et rentable les PPA long terme. À l’inverse, les PPA long terme avec de l’éolien ne sont pas intéressants pour une entreprise puisque la construction d’un parc éolien se compte en dizaine d’années.

Le premier PPA date de mars 2019 – en l’occurrence, Metro avec Agregio, filiale du groupe EDF, pour un volume de 25 gigawatts d’éolien sur trois ans. En juillet 2019, la SNCF signait avec Voltalia un PPA d’une capacité de près de 150 mégawatts sur 25 ans.

Les PPA comme rempart à la volatilité des prix

Le PPA correspond à un contrat d’achat long terme d’énergie, établi auprès d’un producteur d’électricité renouvelable, à un prix fixe et pour une quantité déterminée à l’avance. A la différence de l’autoconsommation – consommation directe de l’électricité produite sur place –  ici ce n’est pas l’entreprise elle-même qui produit l’électricité. Pour souscrire à un PPA, le consommateur d’énergie peut passer par le producteur, un fournisseur, ou encore par un agrégateur d’énergies renouvelables comme Agregio du groupe EDF, dont le travail consiste à mettre en relation les producteurs d’énergies renouvelables et les acheteurs.

Offrant un prix négocié sur toute la durée du contrat, le PPA garantit une certaine sécurité face à la volatilité des prix du marché. De fait, il est souvent présenté comme une solution intéressante pour les gros consommateurs d’électricité. En effet, les PPA constituent une solution pour se prémunir de la volatilité et de l’augmentation des prix de l’énergie. Les PPA sont en outre favorisés par la baisse des coûts des énergies renouvelables. C’est donc l’incertitude des prix de l’électricité à long terme couplée à des augmentations affichées du prix des commodités et du CO2 et l’intérêt grandissant des entreprises pour la transition énergétique qui expliquent l’essor croissant des PPA.

Les PPA sont aussi une solution supplémentaire dans la boîte à outils des entreprises pour atteindre la neutralité carbone et pour « électrifier et intégrer des énergies renouvelables et de récupération (EnR&R) », note l’Ademe. Le géant de l’agroalimentaire Carrefour s’est fixé un objectif de 100% d’énergie renouvelable, d’ici à 2030. Et ce, en partie grâce au PPA. « Ces actions cumulées pourront permettre d’économiser en 2040, 1 280 000 tonnes équivalent CO2 », détaille l’industriel dans un communiqué.

Le PPA est aussi un moyen efficace de promouvoir les énergies renouvelables locales et de s’inscrire ainsi dans une démarche RSE au service des territoires français. Une approche revendiquée par la coopérative agricole Limagrain dans le cadre d’un PPA avec Agregio, qui doit couvrir jusqu’à 11% des besoins de la coopérative en France à l’aide d’énergie produite par des éoliennes. « Le fait de savoir que cette énergie provient d’un parc éolien basé en Moselle résonne avec les valeurs Limagrain. Parce que nous sommes une coopérative, nous mettons un point d’honneur à travailler pour et avec les territoires », précise Valérie Mazza, directrice des affaires scientifiques, de l’innovation et de la RSE, Limagrain. 

Pour les petits et les grands

Pour autant, ils peuvent faire peur, car « il faut s’engager, c’est complexe, le premier PPA prend du temps… Mais il n’y a pas meilleure assurance contre la volatilité du marché et cela fait avancer les renouvelables ! », souligne François Sterin, EVP, Chief Industrial Officer, OVH Cloud dans le Baromètre de Capgemini.

Et s’il semble s’adresser en premier lieu aux grandes entreprises, le PPA est aussi accessible aux PME à travers le schéma multi-acheteurs. Le principe ? Plusieurs entreprises signent un contrat commun d’achat longue durée d’électricité verte. Le premier accord du genre en Europe a été signé en région Occitanie.

Avantageux pour les entreprises, le PPA l’est aussi pour les producteurs, à en croire l’Observatoire de l’électricité. En effet, « dans les cas où la durée du contrat est suffisamment longue, cette garantie (de prix d’achat, ndlr) peut permettre la construction de nouvelles capacités de production en fournissant la visibilité nécessaire aux investisseurs », détaille ledit observatoire dans une fiche pédagogique dédiée. Et la Société Générale d’ajouter que ces contrats permettent « aux producteurs de garantir leurs revenus sur plusieurs années et aux clients de connaître l’origine d’une part de son approvisionnement ».

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