La transition énergétique, une opportunité pour la mixité professionnelle ?

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Longtemps chasse gardée des hommes, les métiers de la transition énergétique se féminisent peu à peu, à mesure que tombent les stéréotypes de genre. Conscients des gains de performance apportés par une plus grande féminisation de leurs effectifs, les acteurs du secteur s’engagent pour favoriser la mixité interne et l’accès des femmes aux postes à responsabilité. 

La transition énergétique, un métier d’hommes ? A l’image de la quasi-totalité des domaines de la vie sociale et des activités professionnelles, le secteur de l’énergie n’est pas épargné par les stéréotypes genrés : aux hommes, les métiers vus comme physiques, techniques et scientifiques ; aux femmes, les postes de secrétaires, de comptables ou d’attachées de presse. Une répartition des rôles qui, heureusement, est peu à peu en train de voler en éclats. Les mentalités évoluent et les femmes sont ainsi de plus en plus représentées dans le domaine de la transition énergétique, comme le confirment Sandrine Buresi et Marie-Laure Lamy, les deux co-présidentes du CLER, Réseau pour la transition énergétique.

Mixité professionnelle : une évolution positive

« Il n’y a qu’à regarder au sein du conseil d’administration du CLER (…). La parité est presque parfaite, sans même l’avoir recherchée », se félicite Sandrine Buresi, spécialisée dans la lutte contre la précarité énergétique. « J’ai l’impression que ça a beaucoup évolué (…), même s’il y a encore des disparités », confirme Marie-Laure Lamy, selon qui « les femmes occupent davantage de postes à responsabilités, dans les associations comme dans des collectivités ». Et chez les poids lourds du secteur : ainsi, chez EDF, « un peu plus d’un quart de nos effectifs sont féminins », indique Christophe Carval, DRH du Groupe. Un saut quantitatif, mais surtout qualitatif, EDF SA comptant désormais 21% de femmes dans ses métiers techniques, soit une proportion multipliée par trois en moins de vingt ans. 

Le leader français de la transition énergétique se montre particulièrement en pointe sur cette question. « Nous pouvons être fiers du chemin parcouru depuis plusieurs années chez EDF pour supprimer le plafond de verre et avoir la même proportion de femmes dans l’encadrement et dans les comités de direction, que dans les équipes», a rappelé Christophe Carval, le DRH du Groupe, à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, le 8 mars. « Nous avons aussi nommé des femmes dans les postes les plus emblématiques et nous respectons l’égalité sur la rémunération directe H/F », poursuit le dirigeant, qui met en avant le score de 95/100 annoncé pour l’entreprise dans le dernier Index de l’égalité femmes-hommes du gouvernement.

L’intelligence collective, au cœur de la performance des entreprises

Si la féminisation du secteur s’inscrit dans une dynamique sociétale plus large, elle répond avant tout à des objectifs de performance, tous les acteurs de la transition énergétique reconnaissant l’avantage concurrentiel que leur confère un supplément de mixité. « Une entreprise mixte a une plus grande capacité à s’adapter au présent », estime ainsi Jean-Baptiste Obeniche, Responsable diversité et inclusion du groupe EDF, selon qui « avoir le plus de points de vue possible permet (…) de prendre de meilleures décisions ». Recruter plus de femmes, ce n’est donc, selon le dirigeant d’EDF, « rien d’autre que professionnaliser nos processus, car on s’intéresse davantage aux compétences. C’est la même chose pour les promotions ou les suivis de carrière. In fine, l’entreprise devient plus performante ».

« C’est peut-être une banalité », concède Sandrine Buresi, « mais je pense que les hommes et les femmes se complètent. (…) Je fais un lien très direct entre ma vision de la transition énergétique et celle de l’égalité femmes-hommes. L’égalité est au cœur de la question de l’accès à l’énergie ». Même son de cloche du côté de la co-présidente du CLER : « la mixité est enrichissante », veut croire Marie-Laure Lamy, car « elle apporte un équilibre relationnel dans une structure ». Les deux femmes insistent notamment sur l’importance de l’éducation et de la formation afin de briser les stéréotypes et ouvrir les recrutements à davantage de femmes.

La force des réseaux

En dépit de ces progrès indéniables, le chemin jusqu’à la parité demeure long et semé d’obstacles. En Europe, les femmes ne représentent ainsi que 22,1% des postes du secteur énergétique. La France fait à peine mieux, avec 27% de femmes dans les métiers des industries électriques et gazières. Des inégalités que l’on retrouve sans surprise au sommet de ces entreprises industrielles, qui comptent encore 80% d’hommes parmi leurs cadres supérieurs. Rien d’étonnant à cela, quand on sait qu’en amont, les écoles d’ingénieurs n’ont que peu féminisé leurs effectifs au cours des dernières décennies, passant de 19,9% de jeunes femmes en 1990 à 28% en 2016. Face à ce constat, quels sont donc les leviers à actionner pour inciter les femmes à se projeter dans les métiers de la transition énergétique ? 

La mise en avant de modèles inspirants est sans doute l’un de ces leviers. « Les rôles modèles sont importants », explique la sociologue Nathalie Lapeyre, selon laquelle « les réseaux de femmes sont importants pour avoir un regard positif sur son propre parcours, grâce à des exemples inspirants. L’entraide et la sororité des femmes cadres supérieurs plus âgées, qui actionnent leurs réseaux pour soutenir les plus jeunes et les tenir au courant des  »normes » d’une carrière, peuvent être très utiles ». Des réseaux qui, à l’image d’Interelles ou d’« Énergies de Femmes », le réseau des salariées d’EDF créé dès 2004, contribuent grâce à leurs ambassadrices et évènements à attirer toujours plus de femmes vers les métiers de la transition énergétique. 

 

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