Le développement de la chaleur renouvelable est un levier identifié pour contribuer à l’avènement d’une France bas carbone. Mais le pays est en retard sur ses objectifs et doit redoubler d’efforts d’ici à 2030.
Bientôt la fin de l’hiver et de ses frimas. Si les Français vont pouvoir éteindre leurs radiateurs jusqu’à l’automne prochain, qu’en est-il, au regard des engagements de la France en matière de protection de l’environnement, de leur manière de chauffer leurs habitations ? Selon les objectifs fixés dans la loi énergie de 2015, la part des énergies renouvelables et de récupération devra atteindre 38% de la chaleur consommée dans le pays d’ici à 2030.
Concrètement, il s’agit de la part renouvelable des réseaux de chaleur, de la chaleur captée par les pompes à chaleur dans leur environnement, du bois et du solaire thermique. Le chemin est encore long car seuls 19,9% de la chaleur consommée en France était, à la fin de l’année 2018, couverts par les énergies renouvelables. « Ces chiffres illustrent le retard pris dans le secteur de la chaleur renouvelable et la nécessité de mettre en œuvre, pour toutes les filières de production, les moyens nécessaires de leur développement », estime, dans un rapport présenté le 6 février, le Syndicat des énergies renouvelables (SER).
La chaleur renouvelable soutenue au plus haut niveau politique
Pour atteindre ses objectifs, la France doit donc doubler ses efforts en matière de chaleur renouvelable. Une volonté inscrite dans le projet révisé de programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), à propos de laquelle le SER s’est félicité que « le texte trace des perspectives ambitieuses de développement de la chaleur renouvelable ». Il s’agit également d’une volonté forte portée par le gouvernement, la ministre de la Transition écologique, Elisabeth Borne, ayant déclaré lors de la présentation du rapport du SER que « la chaleur renouvelable est un enjeu majeur. Des mesures complémentaires sont en cours de préparation » avec son collègue de Bercy, Bruno Le Maire. Même enthousiasme du côté de la députée LREM Marjolaine Meynier, qui s’est sur son compte Twitter dite « heureuse que la question cruciale de la chaleur renouvelable (…) soit de nouveau considérée comme prioritaire ».
Le développement de la chaleur renouvelable est, en effet, nécessaire si la France entend accélérer sa transition bas carbone. Il fait ainsi, avec l’amélioration des émissions de gaz à effet de serre (GES) des matériaux et la réduction de la part de marché du gaz naturel, partie des « trois pistes » dégagées par Philippe Pelletier, président du Plan bâtiment durable, pour agir sur les indicateurs-carbone ; M. Pelletier selon qui « cette dernière piste est avec raison affirmée par les ministres » du gouvernement français.
A court terme, la réglementation environnementale 2020 devrait intégrer une obligation de recours à la chaleur ENR
En toute logique, la future réglementation environnementale RE2020 devrait prévoir la mise en place d’une part minimale de chaleur renouvelable. Une ambition déjà portée à court terme dans la programmation pluriannuelle de l’énergie.
Prévue par la loi « Evolution du Logement, de l’Aménagement et du Numérique » (ELAN), la RE2020 remplacera la RT 2012 à compter du 1er janvier 2021. Elle vise la diminution de l’impact carbone des bâtiments neufs, la réduction les consommations d’énergie et une meilleure prise en compte du confort d’été.
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