Les gaz à effet de serre provenant des rizières peuvent être deux fois plus élevés que prévu

La manière dont certaines rizières irriguées sont gérées à travers le monde, avec des cycles d’inondation suivis de périodes sèches, peut conduire à une pollution par les gaz à effet de serre deux fois plus élevée que prévu, ont indiqué lundi des chercheurs américains.

Le riz étant un aliment de base pour au moins la moitié des sept milliards d’habitants de la planète, la manière dont il est géré a des effets importants sur le réchauffement de la planète, a indiqué la revue PNAS où le compte-rendu de l’académie des sciences américaine a été publié.

Pour l’étude, les chercheurs de l’organisme à but non lucratif Fond pour la Défense de l’Environnement ont examiné de plus près les émissions d’oxyde nitreux, un polluant atmosphérique de longue durée, plus puissant que le méthane ou le dioxyde de carbone.

Le N2O augmente lorsque les champs de riz sont alternativement sec puis mouillés.

Ce processus, appelé inondation intermittente, se produit lorsque l’eau tombe au-dessous du niveau du sol plusieurs fois par an.

Certaines organisations agricoles affiliées à l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture sont encouragées à économiser l’eau et donc à immerger de façon intermittentes leurs cultures afin de réduire le méthane, autre gaz à effet de serre important émis par les rizières. Cependant, on ne sait toujours pas chiffrer le nombre d’agriculteurs qui suivent ces recommandations.

« Lorsque les sols sont fréquemment mouillés et séchés, ils deviennent à plusieurs reprises des environnements idéaux pour les microbes qui produisent de l’oxyde nitreux », a expliqué l’auteur principal de l’étude, Kritee Kritee, scientifique au sein du FDE.« D’autre part, le méthane est produit par des microbes qui ont besoin de sols submergés dans l’eau », a-t-elle déclaré à l’AFP par courrier électronique.

Il est largement admis que « presque toutes les exploitations irriguées dans le monde sont constamment inondées et que les exploitations constamment inondées ne produisent pas de grandes quantités d’oxyde nitreux », a-t-elle ajouté.

Mais les chiffres semblent trompeurs. Il semble que nous sommes loin de constater que toutes les fermes sont continuellement inondées.

C’est pourquoi Kritee affirme que « l’impact total de la riziculture sur le climat a été considérablement sous-estimé ».

200 centrales à charbon

D’après les auteurs, la quantité d’émissions mondiales de N2O non comptabilisées provenant du riz pourrait être aussi élevée que la pollution climatique annuelle d’environ 200 centrales au charbon.

Rien qu’en Inde, où l’étude a été menée sur cinq rizières inondées par intermittence, les émissions d’oxyde nitreux « pourraient être 30 à 45 fois plus élevées que celles signalées en cas d’inondation continue », ont estimé les chercheurs.

Dans l’ensemble, ils ont calculé que l’oxyde nitreux par hectare était trois fois plus élevé sur les fermes inondées par intermittence que les estimations rapportées par la recherche auparavant.

« Lorsque ces nouvelles informations sont extrapolées au niveau mondial et intégrées aux estimations des émissions de méthane, l’impact climatique net du méthane et de l’oxyde nitreux pourrait être deux fois plus élevé que les estimations précédentes », a déclaré Kritee.

Pour les experts, la solution consisterait à ce que tous les riziculteurs irrigués inondent leurs champs au fur et à mesure, impliquant que le niveau d’eau reste à cinq à sept centimètres du niveau du sol.

« Ce régime d’inondation permettrait de produire le moins de méthane et d’oxyde nitreux possible », a déclaré Kritee.

À l’heure actuelle, le N2O issu de la riziculture n’est tout simplement pas suivi à grande échelle et est exclu des inventaires de gaz à effet de serre déclarés aux Nations Unies par les principaux pays producteurs de riz, dont la Chine et l’Inde.

Mais à mesure que l’eau se raréfie à travers le monde, de nombreux riziculteurs peuvent envisager la mise en place de cycles humides et secs, sans connaître le danger qu’ils représentent pour la planète.

Pour éviter cela, les scientifiques ont besoin d’un meilleur suivi et de rapports sur le N2O dans le monde entier, a déclaré le FDE.

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