Longtemps montré du doigt pour sa consommation d’hydrocarbures, le Qatar a bien entamé sa transition écologique. Le développement durable et le recours aux énergies renouvelables font désormais figures de priorités stratégiques pour le petit émirat, qui pourrait bien se targuer d’organiser, en 2022, la première Coupe du monde de football « verte » de l’histoire.
Un tourisme durable ? Le Qatar y croit. Depuis plusieurs années, le petit émirat a entamé sa transition écologique, bien décidé à ne pas se laisser distancer sur ce terrain par les pays dits développés. Après avoir lancé un ambitieux programme destiné à réduire l’empreinte écologique des activités industrielles, les autorités qataries ont présenté, en janvier dernier, un plan dont l’objectif est de doubler le nombre de visiteurs sur leur territoire et de hisser leur pays en tant que hub touristique régional.
Innovant, ce plan met l’accent « sur les opportunités d’investissement afin d’accélérer la croissance et de promouvoir le développement durable » – une première dans la région. Ce volontarisme en faveur d’un tourisme responsable s’est également traduit par l’accueil, en septembre 2017, du sommet annuel de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), opportunément placé sous le thème : « Le tourisme durable : un instrument au service du développement ».
La transition écologique de l’émirat fait pleinement partie de la « Qatar National Vision 2030 », la feuille de route qui guide l’action gouvernementale à moyen terme. Plusieurs initiatives industrielles et agricoles font désormais appel aux énergies renouvelables. Ainsi de la compagnie générale de l’électricité et des eaux du Qatar, Kahramaa, qui a lancé l’année dernière un concours de la meilleure initiative d’énergie renouvelable, et qui s’est associée avec Qatar Petroleum afin de lancer le plus grand projet de production d’énergie solaire du pays. Objectif : fournir 200 Mégawatts (MW) à court terme, avec la possibilité d’atteindre 500 MW.
Un engagement dans le temps
Le Qatar s’est engagé à satisfaire près d’un quart de sa demande énergétique grâce aux énergies renouvelables d’ici 2030. Mais l’engagement de l’émirat en faveur du développement durable et des énergies renouvelables n’est pas nouveau. Il est même gravé dans le marbre de sa Constitution, dont l’article 33 indique que « l’Etat œuvre pour la protection de l’environnement et de son équilibre naturel, afin d’assurer un développement global et durable pour les générations futures ». En témoigne également l’accueil à Doha, en décembre 2012, de la 18e rencontre de la Conférence des Nations Unies sur le réchauffement climatique (COP 18).
Afin de défaire l’économie qatarie de sa dépendance aux exportations de gaz et de pétrole et de réduire son empreinte énergétique, Doha s’est dotée, en fondant Qatar Solar Technologies (QSE) en juin 2014, du premier fabricant verticalement intégré de produits photovoltaïques de tout le Moyen-Orient. Dès son lancement, l’installation représentait la plus importante unité de production d’énergie solaire de la région : « il s’agit d’une étape importante pour le Qatar, (qui) prouve que la région peut se placer à la pointe d’une industrie qui assurera de manière durable les générations futures en énergies renouvelables », se félicitait à cette occasion Salim Abbassi, directeur général de QSE.
Preuve de la confiance de Doha en l’énergie solaire, le Qatar vient de racheter, pour 100 millions d’euros, le fabricant allemand de panneaux solaires SolarWorld. Une opération finalisée en 2017, alors que l’entreprise était prête à mettre la clé sous la porte face à la concurrence chinoise. Grâce à la joint-venture formée avec QSE, SolarWorld table désormais sur une production « premium », de 1 000 MW d’ici à la fin de l’année, et vise, à terme, un revenu annuel de 500 millions d’euros.
Une Coupe du monde « verte » ?
Organisateur du prochain Mondial de football, en 2022, le Qatar se sait attendu au tournant. Déplacer la compétition en hiver, période pendant laquelle les températures minimales en journée avoisinent les 25°C, constitue en soi une première historique. Mais Doha a décidé d’aller plus loin encore. Pour lutter contre la pollution liée aux voitures, trois nouvelles lignes de métro et 37 nouvelles stations, pouvant transporter quelque 600 000 passagers par jour, seront inaugurées d’ici 2020 – et 60 stations supplémentaires ouvriront à l’horizon 2026.
Enfin, en ce qui concerne la compétition en elle-même, les huit stades qui sont en voie de construction ou de réhabilitation devrait être climatisés grâce à l’énergie solaire. Leurs architectes ont imaginé des structures innovantes, permettant à l’air frais de circuler de manière harmonieuse et naturelle. A l’issue du tournoi, certains stades seront reconvertis en centres éducatifs ou « shopping malls », et d’autres seront démontés afin d’être acheminés dans des pays en voie de développement. De quoi faire de la première Coupe du monde organisée dans le désert le premier Mondial « vert » de l’histoire ?
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