Paris sans véhicules thermiques en 2030 : un pari sensé

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La Maire de Paris souhaite bannir les véhicules thermiques de la capitale à l’horizon 2030. Cette décision devrait accélérer le déploiement d’outils utiles à la transition énergétique, comme les bornes électriques ou les compteurs communicants.

Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Anne Hidalgo n’a pas peur de marquer les esprits. Quelques semaines après l’annonce de Nicolas Hulot d’abandonner en France la commercialisation de véhicules thermiques en 2040, la maire de Paris a placé la barre encore plus haut : interdire les véhicules thermiques, à essence et diesel, dès 2030. Les opposants à cette mesure ont rapidement fait entendre leurs voix, certains affirmant, mécontents, que cet objectif n’est « ni tenable, ni raisonnable ». Pourtant, l’objectif est à la fois tenable et raisonnable si, avec une volonté publique forte, bornes de recharge et compteurs communicants sont déployés dans la foulée.

Ambitieuse, Paris avec cette mesure pourrait se poser en ville pionnière au niveau mondial, et proposer un test grandeur nature de transition écologique.

 

Une transformation logique

La mutation d’une mobilité thermique à une mobilité électrique fait sens écologiquement. Paris est frappé par des pics répétés de pollution qui ont un impact sanitaire réel. Conscients du risque sanitaire, nombreux sont les pays à avoir fixé des échéances pour abandonner les véhicules à essence et diesel. Mais la décision d’Anne Hidalgo vient fixer les délais les plus ambitieux au niveau mondial : l’effet d’entraînement d’une telle ambition sera indéniable.

Et cette ambition ne semble pas démesurée, tant la région parisienne accumule les atouts. L’Ile-de-France dispose aujourd’hui d’un des réseaux de transports en commun parmi les plus efficaces et réguliers du monde. Le développement de ce dernier, les nombreux projets d’ouvertures et de prolongements de ligne pourraient également être l’occasion de basculer vers le tout-électrique.

Au niveau des particuliers, les véhicules électriques, qui pour l’heure sont un luxe, pourraient connaître une baisse des prix dans les années à venir. Les politiques publiques, qui prévoient toutes un retrait des véhicules thermiques, vont très certainement contraindre les constructeurs à abandonner leur modèle fondé sur les combustibles fossiles, à l’image de Volvo, qui ne commercialisera plus de véhicules à essence ou diesel à partir de 2019. La puissance financière et technologique de ces groupes industriels les conduira certainement à réduire drastiquement le coût des véhicules électriques.

A cela s’ajoute un coût des batteries en chute libre depuis quelques années et la mise en place de mesures incitatives, qui réduisent d’autant la facture pour les consommateurs.

 

7 millions de bornes à l’échelle de la France

Toutes ces transformations ne pourront se faire sans un soutien logistique important et omniprésent. Le cas des bornes de recharge est ainsi un véritable problème, que Mme Hidalgo doit prendre en compte si elle souhaite atteindre son ambitieux objectif.

Encore trop peu nombreuses à Paris, quelques centaines seulement, ces dernières ne peuvent absorber le nombre d’un million de véhicules électriques prévus à Paris en 2030, surtout au rythme actuel de leur déploiement.

Le défi est heureusement bien pris en compte par les pouvoirs publics : la ville de Paris, l’Etat Français et l’Union Européenne sont ainsi tous les trois déterminés à accélérer le déploiement des bornes de recharge, en y allouant des budgets importants, les infrastructures de recharge ne semblent pas non plus un obstacle insurmontable à la généralisation de la mobilité électrique. C’est la raison pour laquelle la France ambitionne un déploiement de 7 millions de bornes, dont un grand nombre dans les centre-villes, selon les récentes déclarations de la secrétaire d’Etat Brune Poirson.

 

Le rôle clef de Linky dans l’absorption de la demande

Autre point d’inquiétude, l’éventuelle surcharge du réseau qui pourrait être la conséquence de trop nombreux branchements de voitures électriques. Là encore, les pouvoirs publics et notamment l’Europe ont anticipé cette difficulté en appelant au déploiement généralisé de compteurs communicants ou intelligents.

Ainsi, le compteur Linky, souvent vilipendé pour des raisons les plus absurdes, reste une pierre angulaire de la transition énergétique en France. Le déploiement, à échelle nationale, du Linky permettra d’optimiser, en temps réel, la production et la consommation d’électricité et donc gérer la demande en électricité des voitures électriques.

En basculant vers une logique de réseaux intelligents, les compteurs permettent d’échelonner la consommation d’électricité – tout particulièrement la recharge des véhicules électriques – vers les périodes où elle est produite en surplus, la nuit notamment. Ils limitent ainsi le gaspillage électrique et préservent le réseau.

Parallèlement, les batteries des véhicules électriques pourront également être utilisées comme une réserve d’électricité disponible, ré-injectable sur le réseau en cas de pic de consommation.

 

Profiter des JO 2024 pour devenir une smart city

Pour beaucoup, ces investissements qui semblent massifs font figure d’épouvantail. C’est sans compter le fait que d’ici 2024, la ville de Paris accueillera les Jeux Olympiques.

Synonyme d’investissements lourds, il semblerait que Paris pourrait profiter de cette échéance pour servir son projet de ville durable. « Nous voulons utiliser les JO pour initier une transition écologique » explique Jérôme Lachaze, directeur du développement durable au comité de candidature JO Paris 2024. Une aubaine, quand on sait que le Comité Olympique finance une partie des infrastructures… et un coup de maître pour Anne Hidalgo qui fait en l’occurrence d’une pierre, deux coups.

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