Aujourd’hui, la Commission européenne a proposé de suspendre l’usage de trois pesticides de la famille des néonicotinoïdes sur des cultures attractives pour les abeilles, comme le colza, le tournesol ou le maïs. Le 16 janvier 2013, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) avait en effet publié un rapport d’évaluation sur ces pesticides, reconnaissant des risques pour les abeilles liés à l’usage de ces molécules. Si France Nature Environnement salue les propositions de la Commission, elle considère qu’elles sont encore insuffisantes, et qu’une interdiction totale des néonicotinoïdes est nécessaire pour protéger les abeilles.
Lors du Comité permanent sur les pesticides du 31 janvier 2013, la Commission européenne a demandé aux Etats membres de suspendre pour deux ans l’utilisation des néonicotinoïdes sur les semences, en granulés et en pulvérisation pour les cultures de maïs, de colza, de tournesol et de coton, qui attirent les abeilles. FNE, qui réclame depuis de nombreuses années l’interdiction des néonicotinoïdes, se réjouit de cette avancée mais souligne ses limites.
Des molécules persistantes dans les sols qu’on retrouve dans les cultures suivantes
Claudine Joly, en charge de ce dossier à FNE, rappelle que « les néonicotinoïdes sont persistants dans les sols. On les retrouve donc dans le pollen et le nectar des cultures suivantes, qui continuent à représenter une menace pour les abeilles. Limiter l’usage de ces pesticides aux cultures non attractives pour les abeilles ne fait donc que reporter le problème. L’utilisation des semences traitées aux néonicotinoïdes a tendance à être systématique en agriculture, et relève d’un usage irraisonné des pesticides. Des décisions plus courageuses doivent être prises par la Commission et les Etats membres. »
Qu’en est-il du principe de précaution ?
Un rapport récent publié par l’Agence européenne de l’environnement rappelle les risques liés à la mauvaise utilisation du principe de précaution. Des lacunes, dénoncées à plusieurs reprises par FNE, existent actuellement dans l’évaluation des effets des néonicotinoïdes, mais celles-ci ne doivent pas être un prétexte pour ignorer le problème. Le doute n’est plus permis quant à l’impact néfaste de ces molécules sur la santé des abeilles.
Pour Jean-Claude Bévillard, Vice-président de FNE en charge des questions agricoles : « L’incertitude scientifique existera toujours, mais pendant que l’on continue à essayer d’améliorer l’évaluation, les abeilles et les pollinisateurs sauvages se meurent. De nombreuses études montrent déjà l’effet négatif des néonicotinoïdes sur les abeilles. Le coût de l’inaction serait catastrophique. FNE demande à la Commission européenne d’interdire totalement l’usage des néonicotinoïdes, et elle appelle le ministre de l’agriculture Stéphane Le Foll à défendre cette position au niveau européen. »
[1] Rapport Signaux précoces, leçons tardives, publié le 23 janvier 2013
(http://www.eea.europa.eu/publications/late-lessons-2)
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