Les négociations interminables qui se sont achevées hier à Durban ont finalement abouti à un accord mi-chèvre mi-chou qui sauve les apparences. A l’issue d’une journée supplémentaire dimanche, la Conférence de l’ONU sur le climat a permis d’arracher enfin un accord de principe aux 195 pays participants qui se sont engagés à lutter contre le réchauffement climatique, sans toutefois préciser comment.
Le diable est dans les détails. Les représentants des 195 pays participant à la 17ème Conférence des Nations Unies sur le changement climatique (CNUCC) en Afrique du Sud ont adopté à l’unanimité un paquet de décisions pour renforcer le régime multilatéral de lutte contre le réchauffement climatique. Si cet accord de principe est une réussite dans la forme, il reste désormais à s’accorder sur les détails, et le challenge est immense.
Point positif, même la Chine, le Brésil et l’Inde ont accepté de s’engager formellement dans la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre. Mais l’accord ne fixe aucune contrainte, et il ne s’accompagne pas d’une hausse du niveau d’ambition des pays déjà engagés, pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et ne devrait pas suffire à contenir la hausse moyenne de 2°C d’ici à 2010.
Feuille de route… en 2015
Positives, Nathalie Kosciusko-Morizet, qui participait ce week-end à ces négociations, considère que des « avancées significatives » ont été enregistrées à Durban, tout en reconnaissant que l’accord était imparfait. La communauté internationale s’est avant tout entendue sur une feuille de route pour un accord global? en 2015.
Confrontée aux réticences initiales de certains pays émergents comme la Chine et de plusieurs grandes puissances industrielles comme les Etats-Unis concernant le principe d’un tel accord, l’Union européenne en pointe dans la lutte contre le changement climatique, a fait bougé un peu les lignes. Se félicitant du « rôle moteur » que l’Europe a joué dans ces négociations, Nathalie Kosciusko-Morizet considère que « ses propositions ont formé la base du compromis ».
Malgré son volontarisme en matière de climat, l’engagement européen ne suffit pas à l’échelle mondiale, l’Union Européenne ne représentant que 11 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Malgré la réticence de la Chine et des Etats-Unis, les deux grands pollueurs de la planète ont finalement accepté de signer un accord dans la lignée du Protocole de Kyoto.
« Un tournant a été pris » pour NKM
« C’est un tournant qui a été pris » souligne NKM. Au lieu de maintenir les conservatismes passés en matière de lutte contre le réchauffement, « nous avons au contraire franchi une étape dans ce processus, dont beaucoup disent qu’elle est comparable au mandat fixé à Berlin en 1995 pour adopter le Protocole de Kyoto » affirme la ministre française.
La première période d’engagement du Protocole de Kyoto s’achèvera au 31 décembre 2012. Durban s’inscrit dans la préservation de ce cadre multilatéral mais n’incluant par tous les Etats pollueurs, juridiquement contraignant de réduction des émissions de gaz à effet de serre, tout en lançant, parallèlement la feuille de route pour un accord plus large et plus ambitieux, incluant tous les pays.
Le compromis final a été inspiré par l’Union européenne, qui conditionnait la prolongation de son engagement au titre de Kyoto à l’adoption d’une telle feuille de route. La seconde période de Kyoto entrera en vigueur au 1er janvier 2013. L’accord global qui aura force légale, devra être conclu d’ici 2015 et entrer en vigueur au plus tard à compter de 2020 précise le ministère de l’Ecologie.
Lancement du Fonds vert pour le Climat
Par ailleurs, l’accord de Durban assure le lancement effectif et rapide du Fonds vert pour le climat, décidé à Copenhague et officiellement créé à Cancún, répondant ainsi à une demande forte des pays en développement de se doter d’un instrument financier innovant facilitant leur transition vers une économie bas carbone et résiliente au changement climatique. Des contributions volontaires, dont plusieurs ont déjà été annoncées à Durban, permettront de couvrir les frais de fonctionnement du Fonds vert sur les deux années à venir.
Dans le même temps, le ministère de l’Ecologie souligne une autre décision importante, recherchée depuis longtemps et enfin adoptée à Durban. La CNUCC a engagé l’ouverture d’un dialogue sur l’agriculture, défendu par la France. Il met en place, pour la première fois, une discussion sur l’agriculture pour « développer les bonnes pratiques et les transferts de technologies » et répondre aux enjeux climatiques tant sur le plan de la réduction des émissions que de l’adaptation à ses effets, notamment en ce qui concerne la sécurité alimentaire.
A l’origine de 30 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, l’agriculture représente un potentiel considérable de réduction des émissions rappelle le ministère de l’Ecologie. C’est aussi le premier secteur touché par le défi du réchauffement climatique et en ce sens, cette avancée est positive.
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