Areva : une pépite qui fait grise mine

Considérée lors de son achat comme une pépite, UraMin est aujourd’hui au c?ur d’une polémique qui mine Areva, au moment même où le géant du nucléaire s’apprête à annoncer une perte historique autour de 1 milliard d’euros. Achetée 1,9 milliards d’euros il y a seulement 4 ans, la société minière ne vaudrait plus que 400 millions aujourd’hui, plombant lourdement les comptes du groupe atomique, qui n’en avait pas besoin.

Réuni aujourd’hui pour officialiser le Plan d’action stratégique, le conseil de surveillance d’Areva devrait annoncer de très mauvaises nouvelles aujourd’hui et en profiter pour solder douloureusement les comptes d’Anne Lauvergeon. Le groupe présidé désormais par Luc Oursel s’apprête à officialiser une perte record et la création d’un comité spécial chargé « d’examiner les conditions d’acquisition et d’exploitation d’UraMin et en tirer les enseignements », selon le JDD.

Présidé pendant 10 ans par Anne Lauvergeon, Areva traverse aujourd’hui une grave crise économique et financière qui contraint le groupe à lancer un plan drastique d’économies accompagné d’une réduction de ses effectifs. C’est dans ce contexte déjà difficile que la dépréciation d’UraMin prend une tournure désormais politique.

1,5 milliard d’euros de dépréciations rien que pour UraMin

Achetée 1,9 milliards d’euros en 2007, la société canadienne représentait à cette époque selon les dirigeants d’Areva, une formidable opportunité de renforcer la branche Amont d’Areva en mettant la main sur d’importants gisements en uranium sur le continent africain, notamment en Afrique du Sud, Namibie et République Centrafricaine.

Quatre ans plus tard, le groupe estime que cet investissement stratégique a perdu 80 % de sa valeur. Il doit annoncer aujourd’hui une dépréciation de 1,5 milliard d’euros sur cet actif. Et ce n’est pas tout, ce montant vient en effet s’ajouter au milliard de charges exceptionnelles déjà prévues pour traduire dans les comptes d’Areva les conséquences financières de la catastrophe de Fukushima.

Le groupe de Luc Oursel devrait annoncer aujourd’hui une provision comprise entre 2,3 et 2,5 milliards d’euros. Avec ce trou béant dans ses comptes, Areva anticiperait pour 2001 une perte historique de plus de 1 milliard d’euros, tout un symbole pour un groupe longtemps considéré comme l’un des plus beaux fleurons de l’industrie nationale.

Anne Lauvergeon pointée du doigt

Dans ce contexte très difficile, Areva est l’objet de sévères critiques de Jérôme Cahuzac. Le président PS de la commission des Finances de l’Assemblée nationale a affirmé hier des comptes doivent être demandés à Anne Lauvergeon, ex-président du groupe nucléaire, « mais certainement aussi aux responsables politiques ».

Interviewé par le Grand Jury RTL/LCI/Le Figaro, Jérôme Cahuzac a notamment évoqué l’achat coûteux des mines d’uranium UraMin en Namibie, symbole d’une gestion dispendieuse du géant nucléaire français. « Areva a passé comme provision plus de 1,5 milliard d’euros en constatant que l’achat effectué en 2007 avec l’accord du gouvernement actuel d’AraMin ne valait plus rien aujourd’hui », a souligne le député socialiste.

Interrogé sur la question, Eric Besson, ministre en charge de l’Energie, a déclaré hier qu’il avait demandé à ses services une étude « sur les conditions de cette acquisition » et la raison « de la dépréciation de cet actif ».

  • facebook
  • googleplus
  • twitter