La pollution aux algues vertes à l’heure de la prévention

Confronté à la recrudescence des algues vertes cet été sur certaines côtes bretonnes, essentiellement autour de Saint?Brieuc, le gouvernement rappelle que le plan de lutte défini en février 2010 comporte également un volet préventif. Concrètement, il s’agit de prévenir en amont la pollution notamment agricole et d’augmenter les capacités de traitement des algues dans les zones concernées.

Le scandale des algues vertes a ressurgi il y a quelques semaines à l’occasion de la mort suspecte de 36 sangliers dans les Côtes d’Armor, des animaux qui pourraient avoir été victimes du gaz H2S, un composé gazeux hautement toxique produit par les algues vertes en décomposition, retrouvé en forte quantité dans la dépouille des animaux sauvages. La pollution des eaux par les nitrates agricoles est toujours une triste réalité dans la baie de Saint-Brieuc.

Le ministère de Nathalie Kosciusko-Morizet souligne que le renforcement des contrôles dans les installations classées agricoles a permis de contrôler 71% des installations classées pour la protection de l’Environnement (ICPE). Pour rappel, l’objectif fixé par le plan de lutte contre les algues vertes était de contrôler 100% des installations d’ici la fin de l’année 2011. A noter que 15% des contrôles ont donné lieu à une mise en demeure et/ou à un procès verbal pour se conformer à la réglementation en vigueur.

Dans le cadre de cette politique de prévention, le plan de lutte contre les algues vertes prévoit également la valorisation des effluents d’élevage grâce à un financement ADEME et des appels d’offres à l’étude, qui envisagent de procéder à leur méthanisation. Par ailleurs, le renforcement annoncé intègre également des mesures des reliquats post-récolte effectuées dans les deux baies pilotes de Saint-Brieuc et de Lannion avec en parallèle, la mise à disposition d’outils pour piloter la fertilisation et de fermes de référence.

1415 exploitations déjà concernées

Cette action a concerné un ensemble de 1415 exploitations, qui ont reçu individuellement leurs résultats au début du mois de mars 2011. Le ministère de l’Ecologie précise que la seconde campagne, qui débutera en septembre 2011, intègrera trois nouveaux sites : baies de Concarneau, du Douron et de Douarnenez. Les données sont transmises à l’inspection et permettent d’orienter les contrôles.

Le plan comporte également une déclaration annuelle des quantités d’azote organique et minéral utilisées et échangées dans les baies pilotes. En 2010, plus de 95% des 1693 exploitants implantés sur les baies pilotes de Saint Brieuc et Grève de Saint Michel ont fait leur déclaration. Cette obligation de déclaration sera étendue aux autres baies algues vertes à l’automne 2011.

Le ministère rappelle que le plan prévoit un renforcement des moyens humains grâce à un recrutement et à la mutualisation de postes d’inspecteurs entre les 4 départements bretons. Ainsi depuis la mise en ?uvre du plan ce sont 13 agents (5 titulaires et 8 vacataires) qui sont venus renforcer les équipes d’inspection des directions départementales de la protection des populations du Finistère et des Côtes d’Armor.

3 plateformes de traitement soutenues

Dans le même temps, il s’agit d’augmenter la capacité de traitement des déchets. Le plan national de lutte contre les algues vertes prévoyait la création de plateformes supplémentaires pour le traitement des algues vertes. Les opérations de traitement consistent dans le séchage et le compostage des algues collectées.

Le programme d’aide mis en place par l’ADEME permet d’assurer la mise en place d’une capacité de traitement correspondant aux quantités d’algues ramassées en année moyenne. Le montant des investissements correspondant est estimé à 16 M? avec un taux d’aide dérogatoire de 80% précise le ministère.

Trois installations de traitement ont d’ores et déjà été soutenues dans les Côtes d’Armor : deux en service permettant au total le traitement de 35.000 tonnes d’algues par an (Launay-Lantic et Ploufragan), une unité pilote de séchage à Pluzunet en vue de la création d’une installation après validation du procédé (qui pourrait traiter à terme jusqu’à 25.000 t/an).

11 projets de méthanisation des effluents d’élevage

Dans le Finistère, trois installations pré-existantes ont une capacité totale de traitement de 25.000 tonnes.: Plonevez-Porzay, Fouesnant, Douarnenez. Il est prévu que les capacités des installations de Fouesnant et Douarnenez soient étendues et qu’une nouvelle installation soit créée à Crozon.

Par ailleurs, 11 projets de méthanisation des effluents d’élevage sont actuellement à l’étude, avec la création d’installations qui prévoient de traiter au total environ 200 000 t/an de déchets : 125 000 t d’effluents d’élevage et 75 000 t d’autres déchets agricoles et agroalimentaires. L’objectif est de réduire la pression de fertilisation et de diminuer la quantité totale d’engrais azotés utilisés dans le bassin versant de ces 8 baies en substituant une partie de ceux-ci par du digestat de méthanisation.

La principale problématique de ces projets reste le devenir du digestat, qui conserve un statut de déchet et ne peut être valorisé, que dans le cadre d’un plan d’épandage. Il ne peut en outre, en application de la directive Nitrates, pas être épandu dans certaines zones.

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