Dans le scandale du Mediator, l’heure est désormais de faire les comptes. Si le nombre précis de victimes du médicament du laboratoire Servier n’est pas encore établi, la Sécurité sociale aurait chiffré à 1,2 milliard d’euros, le coût minimal pour l’assurance maladie des 33 ans de commercialisation de ce médicament largement utilisé comme coupe-faim.

Selon une information confidentielle révélée par Le Figaro, le seul remboursement des boîtes de Mediator s’élèverait à 879 millions d’euros pour la collectivité. Selon la Cnam, Servier aurait vendu près de 145 millions de boîtes en France du 13 août 1976 au 30 novembre 2009, période pendant laquelle ce médicament a été commercialisé et remboursé à hauteur de 70 puis 65% au taux maximal.

Mais la facture de n’arrête pas là. Au-delà des 879 millions d’euros de remboursement des boîtes, la Caisse d’assurance maladie a également calculé le coût de la prise en charge des complications liées au médicament, qui s’élèverait à plus de 315 millions d’euros. Pour obtenir ce chiffre, la Cnam se base sur les 1 750 patients qui ont subi une intervention chirurgicale cardiaque, précise Le Figaro.

Calcul encore provisoire

Et pour être complet, ce calcul ne devrait pas s’arrêter là. En effet, dans son estimation, la Cnam n’a pas intégré le coût des arrêts de travail liés au Mediator, ni les primes d’invalidité. La Caisse n’a pas non plus pris en compte les 663 000 courriers envoyés par l’Agence du médicament aux patients ayant pris du Mediator ainsi que les consultations et les échocardiographies qui ont suivi.

Cette première estimation chiffrée du coût du scandale du Mediator ne serait que provisoire. En effet, d’autres calculs seraient actuellement réalisés par la Cnam pour obtenir des chiffres plus précis sur cette affaire révélée par le Dr Irène Frachon.

Une cagnotte de 2 milliards d’euros dans les caisses de Servier

Si on commence à y voir plus clair sur la facture globale de ce scandale hors normes, on ne sait toujours pas qui va payer la note. Pour le ministre de la Santé, les choses sont claires. « Le laboratoire Servier a largement de quoi indemniser les victimes » affirme Xavier Bertrand, toujours volontariste sur cette affaire. Très rentable, le laboratoire fondé par Jacques Servier se serait constitué une « cagnotte » de guerre de 2 milliards d’euros.

« Personne ne comprendrait que Jacques Servier continue à faire preuve d’un entêtement sans nom dans cette affaire », a expliqué le ministre ce matin aux micros d’Europe 1. Xavier Bertrand réclame des indemnisations « sans délai, sans palabre, sans retard ». Si la question des indemnisations semble entendue pour le ministre de la Santé, le discours est très différent du côté du laboratoire Servier, qui minimise depuis le début de cette affaire, sa responsabilité et rejette la faute sur les autorités sanitaires.