Pétrole : où s’arrêtera-t-il?

puits_petrole.jpgVendredi matin, le baril de brut léger américain dépassait le seuil des 90 dollars en culminant à 90,07 dollars. Il a terminé la semaine à 88,60 dollars. Selon l’Agence internationale de l’énergie, en monnaie constante, le cours actuel du pétrole est inférieur aux 101,70 dollars, le record historique atteint par le baril américain en avril 1980.

Les raisons de l’augmentation du prix du pétrole sont multiples. D’une part, les tensions géopolitiques menacent l’approvisionnement en or noir. En effet, les combats qui ont opposé hier l’armée turque aux rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, considéré comme une organisation terroriste par la Turquie) ainsi que l’autorisation donnée mercredi par le parlement turc pour intervenir dans le nord de l’Irak pourrait menacer les approvisionnements. En effet, une attaque militaire en Irak pourrait freiner l’acheminement du pétrole irakien vers le terminal turc de Ceyhan.

D’autre part, les experts du Fonds monétaire international (FMI) ont noté la forte augmentation de la demande de pétrole au cours du premier semestre 2007. Selon leurs estimations, elle aurait progressé de 1%, contre 0,5% au premier semestre 2006. Cette augmentation de la demande de pétrole vient des pays émergeants (Chine, Inde, Moyen-Orient). Les pays développés auraient plutôt eu tendance à réduire leur demande de pétrole au premier semestre.

Une troisième raison explique la hausse des cours du pétrole. La faiblesse du dollar (1,4619 dollar pou 1 euro vendredi dernier) participe également à cette envolée des prix. Avec un dollar aussi faible, les investisseurs hors zone dollar ont un pouvoir d’achat plus fort concernant les matières premières libellées en dollars. Selon Mike Fitzpatrick, analyste chez MF Global, « l’appétit des fonds pour les matières premières, exacerbé par la baisse du dollar, est un des éléments qui plaide pour la poursuite de la hausse des cours« .

Répercution à la pompe

Selon Christine Lagarde, ministre française de l’Economie, des Finances et de l’Emploi, « nous ne pouvons que reprendre les propos de l’Agence internationale à l’énergie qui suggérait une augmentation significative des volumes » de près de 1,8 millions de barils supplémentaires par jour. Cette augmentation est nécessaire « pour faire face à une demande pétrolière dont on n’a pas de raison de penser qu’elle aille en diminuant« . L’Agence internationale à l’énergie a, quant à elle, pointé de nouveau les risques de pénurie. En effet, en une année, les stocks de brut aux Etats-Unis ont diminué de près de 4% et ceux de produits distillés (diesel et produits de chauffage) de plus de 7%.

Cette augmentation des cours du pétrole brut se répercute pour les automobilistes à la pompe. Depuis quelques jours, les prix des carburants qui ont augmenté dans l’hexagone, frôlent les prix atteints l’année dernière. Selon l’Union française des industries pétrolières (UFIP), ces derniers jours le gasoil se vend en moyenne à 1,12 euros le litre (1,13 euros le litre en avril 2006) et le super 95 se vend à 1,28 euros le litre (1,34 euros le litre en juillet 2006).

L’augmentation des carburants est plus faible que celle du pétrole brut. François Lescaroux, économiste à l’Institut français du pétrole, a indiqué au quotidien « Les Echos » paru aujourd’hui que « les taxes, qui constituent la majeure partie du prix à la pompe, amortissent l’impact d’une flambée du baril. Quand le prix du brut double, on estime que cela renchérit de 19% le prix à la pompe et fait baisser la demande de 8%« .

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