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Réchauffement climatique : les biocarburants sont de grands producteurs de GES

ozone.jpgSelon Paul Crutzen, lauréat du prix Nobel de chimie en 1995, la production et l’utilisation de biocarburants pourraient aggraver le réchauffement climatique. D’après les résultats de ses travaux sur la dégradation de la couche d’ozone stratosphérique publiés dans la revue « Atmospheric Chemistry and Physics Discussions », les biocarburants émettraient deux plus de gaz à effet de serre (GES) que les carburants fossiles.

Selon le chercheur néerlandais, si la combustion d’un biocarburant est neutre du point de vue du carbone, elle rejette cependant dans l’atmosphère le carbone absorbé par la plante. D’après le quotidien « Le Monde » du 24 septembre, dans leurs travaux, Paul Crutzen et ses collaborateurs se sont intéressés aux émissions de protoxyde d’azote (N2O) produit en quantité par l’agriculture intensive. A quantité égale, pouvoir réchauffant de ce gaz correspond à 296 fois celui du dioxyde de carbone (CO2).

Dans son dernier rapport, le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) estimait le « taux de conversion » de l’azote des fertilisants en protoxyde d’azote à environ 1 %. Selon Paul Crutzen, ce taux serait plutôt de l’ordre de 3 % et 5 %. Avec un « taux de conversion » aussi important, à quantité égale, la combustion de biodiesel issu du colza (80 % de la production européenne de ce biocarburant) contribue de 1 à 1,7 fois plus au réchauffement que l’utilisation d’une énergie fossile. Pour le bioéthanol issu du blé, le même coefficient est compris entre 1,3 et 2,1 et entre 0,9 et 1,5 pour celui issu du maïs. Selon les chercheurs, seule la canne à sucre a un coefficient inférieur à 1 (compris entre 0,5 et 0,9).

Une capacité limitée

Pourquoi une telle différence entre les estimations des experts du GIEC et celles de Paul Crutzen et ses collaborateurs ? Les premiers se sont basés sur les mesures d’émission des plantes elles-mêmes, alors que les seconds ont considéré le problème dans sa globalité. « Ils ont observé les variations de la concentration atmosphérique en N2O et les ont corrélées avec les quantités d’azote épandues dans l’environnement depuis le début de l’ère industrielle. Après avoir tenu compte des émissions dues aux autres activités, ils parviennent à un « taux de conversion » de l’azote agricole en N2O trois à cinq fois supérieur aux précédentes estimations », a expliqué Didier Hauglustaine, directeur de recherche au CNRS

Dans un récent rapport, l’Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE) alertait des dangers inhérents au développement des biocarburants. Selon cette organisation, il y aurait des risques de pénurie alimentaire, d’érosion de la biodiversité en raison de la reconversion de sols en surfaces cultivées… Selon ce rapport, « la capacité des biocarburants à couvrir une part importante des besoins énergétiques des transports sans nuire aux prix alimentaires ou à l’environnement est très limitée ».

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