OMS : nouvelles recommandations pour lutter contre le paludisme

moustique.jpgL’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a publié le 16 août dernier de nouvelles recommandations mondiales sur l’utilisation des moustiquaires imprégnées d’insecticide contre le paludisme. Pour la première fois, elle recommande d’utiliser des moustiquaires à imprégnation durable et de les distribuer à tous les habitants gratuitement ou à un prix fortement subventionné.

Les excellents résultats obtenus au Kenya grâce à la nouvelle stratégie recommandée par l’OMS montrent que la distribution gratuite et massive de moustiquaires à imprégnation durable est un excellent moyen d’étendre rapidement la couverture de la prévention, en particulier parmi les plus démunis.

Jusqu’à présent, l’OMS préconisait essentiellement de distribuer des moustiquaires imprégnées d’insecticide à l’intention des enfants de moins de cinq ans et des femmes enceintes. Mais des études ont montré récemment que l’utilisation des ces moustiquaires par tous les habitants des zones visées permettait à la fois de mieux couvrir et protéger les groupes vulnérables et de prévenir la maladie dans l’ensemble de la communauté. Dans les zones de forte transmission du paludisme, où les plus exposés sont les enfants en bas âge et les femmes enceintes, l’OMS recommande désormais de les protéger en priorité tout en étendant progressivement la couverture à l’ensemble de la population.

Baisse de la mortalité

D’après les données préliminaires communiquées par le gouvernement kényen, le nombre d’enfants en bas âge dormant sous une moustiquaire imprégnée d’insecticide a presque été multiplié par dix entre 2004 et 2006 dans les districts visés du pays, avec pour résultat 44 % de décès de moins que chez les enfants non protégés. C’est la première fois qu’on a la preuve des effets de la distribution à grande échelle de moustiquaires imprégnées d’insecticide en conditions réelles plutôt que dans le cadre d’études, qui, dans différentes parties de l’Afrique, ont fait état d’une baisse de la mortalité globale comprise entre 14 % et 60 %.

Ce succès peut être attribué à trois grands éléments indispensables pour combattre efficacement le paludisme : engagement politique résolu des pouvoirs publics, assistance technique importante de l’OMS et financement suffisant des donateurs bilatéraux et multilatéraux.

« Les nouvelles recommandations formulées par l’OMS sur la base de données probantes constituent une feuille de route pour faire en sorte que les moustiquaires à imprégnation durable soient plus largement distribuées et utilisées par les communautés et offrent une protection plus efficace aux femmes et aux enfants de milieu défavorisé « , a commenté le Dr Margaret Chan, Directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé. « La collaboration entre le gouvernement kényen, l’OMS et les donateurs est un modèle qui devrait être imité dans tous les pays impaludés d’Afrique ».

Nouvelle stratégie de lutte

En 2001, le Ministère de la Santé kényen a adopté une nouvelle stratégie nationale de lutte antipaludique consistant à étendre la couverture des moustiquaires imprégnées d’insecticide. En 2006, le Président Mwai Kibaki a lancé une opération financée par un don de US $17 millions du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme en vue de distribuer gratuitement, lors de deux campagnes, 3,4 millions de moustiquaires à imprégnation durable aux enfants de 45 des 70 districts du Kenya. En collaboration avec une équipe de recherche internationale, la Division de la lutte antipaludique du Kenya a étudié la couverture et l’impact de cette opération.

Entre 2002 et 2006, avec un don de £6 millions du Département du Développement international (Royaume-Uni), l’OMS a plaidé pour la distribution gratuite des moustiquaires à grande échelle, prêté son concours au gouvernement kényen à cet effet, fourni un appui technique pour aider à établir deux demandes auprès du Fonds mondial et mis à disposition un logisticien à plein temps pour aider à organiser et mener à bien la distribution. La contribution de l’OMS a également consisté à définir les modalités de distribution et les stratégies de fixation des prix pour atteindre la couverture visée, à diffuser le savoir acquis au sujet de la distribution de moustiquaires et à renforcer les partenariats. Deux membres du personnel de l’OMS sont affectés à plein temps au soutien du programme de lutte antipaludique du gouvernement kényen.

« Le gouvernement kényen est fermement décidé à obtenir des résultats sanitaires meilleurs et plus équitables pour tous les Kényens, en particulier les femmes et les enfants. Les progrès incroyables réalisés au Kenya n’auraient pas été possibles sans les fonds des donateurs, qui nous ont permis d’acheter les moustiquaires, ni sans l’appui technique de l’OMS, grâce auquel nous avons pu les mettre à la disposition de ceux qui en avaient le plus besoin » a déclaré Charity Ngilu, Ministre de la Santé du Kenya.

Les moustiquaires imprégnées d’insecticide sont traitées au moyen de produits qui repoussent, neutralisent ou tuent les moustiques vecteurs du paludisme. Contrairement aux moustiquaires de type classique, les moustiquaires à imprégnation durable n’ont pas besoin d’être régulièrement retraitées.

Dans ses nouvelles recommandations, l’OMS préconise, en plus de la distribution de masse lors de campagnes spéciales, de distribuer des moustiquaires par l’intermédiaire des services de santé réguliers afin d’instaurer et de maintenir une couverture élevée.

Un moyen de lutte simple et rentable

D’un prix unitaire de US $5 environ, la moustiquaire à imprégnation durable est un moyen de lutte simple et rentable contre le paludisme. Il y a peu encore, l’utilisation des moustiquaires imprégnées d’insecticide se généralisait lentement dans beaucoup de pays, en partie parce que la communauté internationale ne parvenait pas à s’entendre sur le mode de distribution le plus adapté pour instaurer et maintenir une couverture élevée, hésitant notamment entre les filières commerciales, le marketing à but social et la distribution gratuite ou subventionnée dans le cadre des services de santé ordinaires ou lors de campagnes spéciales.

Dans certains cas, un co-paiement modique peut insister les agents de santé à distribuer des moustiquaires à imprégnation durable, ce qui augmente la couverture, mais les nouvelles recommandations de l’OMS insistent sur le fait que le coût ne doit pas faire obstacle à l’obtention des moustiquaires. Jusqu’à présent, seule la distribution gratuite a permis d’instaurer rapidement une couverture élevée de la population et de supprimer les disparités dans l’utilisation des moustiquaires, comme l’atteste l’exemple du Kenya.

« Les chiffres enregistrés au Kenya mettent fin au débat sur le mode de distribution des moustiquaires à imprégnation durable, » a estimé le Dr Arata Kochi, chef du Programme mondial de lutte antipaludique de l’OMS. « La sécurité et le bien-être des familles ne doivent plus dépendre de leurs revenus. Quand tous, jeunes ou vieux, peuvent facilement se procurer des moustiquaires, le paludisme recule. »

Le paludisme, que l’on peut pourtant éviter et soigner, fait plus d’un million de morts chaque année, principalement des enfants africains de moins de cinq ans.

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