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Les réseaux d’eau intelligents face aux pertes et au gaspillage

Un milliard d’être humains n’a toujours pas accès à l’eau potable. 2,6 milliards sont privés d’installation d’assainissement. Dans le même temps, 34% de l’eau injectée dans les réseaux de distribution est perdue, pour cause de fraudes ou de fuites. Un constat alarmant…

L’eau potable n’est pas en libre accès partout dans le monde, c’est un lieu commun. D’ici 30 ans, la population mondiale devrait augmenter de 45% alors que l’écoulement d’eau douce n’augmentera que de 10%. Parallèlement à un tel constat de rareté, 34 % de l’eau potable injectée dans les réseaux de distribution a été perdue. Selon une enquête de 60 millions de consommateurs et de la Fondation Danielle Mitterrand France Libertés, ce serait un litre d’eau potable sur cinq qui serait perdu dans les canalisations françaises pour cause de fuites ou de dysfonctionnements, ce qui équivaut à 430 000 piscines olympiques par an.

Cette perte est également dommageable d’un point de vue purement mercantile. Les fuites d’eau coûteraient en effet 9,6 milliards de dollars chaque année à l’ensemble des distributeurs. Pour éviter de telles pertes, le rapport de l’association 60 millions de consommateurs affirme que la France devrait engager des sommes allant de 1,5 à 2 milliards d’euros par an afin de réaliser les travaux nécessaires, soit le double des sommes actuelles.

Et si la solution venait des compteurs intelligents ?

Pour faire face à cette situation, une gestion plus intelligente est donc nécessaire. A l’instar des compteurs Linky pour l’électricité, des boitiers communicants pourraient être utilisés afin d’optimiser la gestion de l’eau ainsi que des réseaux d’assainissement. Capables de recevoir et envoyer des données et des ordres sans l’intervention physique d’un technicien, ces compteurs pourront indiquer précisément la localisation et la nature des fuites, ce qui accélèrera leur prise en charge et facilitera leur réparation.

De telles solutions ont déjà été testées, par exemple à Mumbai en Inde, où les pertes atteignaient 50% de l’eau injectée, soit environ 700 millions de litres d’eau par jour. Alors qu’un marché parallèle avait dû être mis en place, la ville a tenu à fournir de l’eau de manière régulière à tous ses habitants. 15 millions de dollars ont été investis en 2010 dans l’installation de 150 000 compteurs. Permettant une relève sans fil des consommations et fournissant des informations sur les fuites ou les dysfonctionnements du réseau, les compteurs intelligents ont rendu possible la réduction de la moitié des fuites, ce qui fait économiser 350 millions de litres d’eau par jour à la ville.

Des compteurs intelligents serviraient enfin à suivre la collecte et le traitement des eaux usées. Une mauvaise gestion des eaux usées peut en effet avoir des conséquences économiques et environnementales graves, comme des réseaux bouchés ou des débordements. Une modernisation des réseaux de collecte, l’utilisation de vannes intelligentes ou de capteurs météorologiques constituent autant de solutions à mettre en ?uvre afin de réaliser des économies. La ville de South Bend aux Etats-Unis a par exemple investi afin de moderniser ses infrastructures de collecte des eaux usées. Les incidents sur le réseau sont passés de 30 annuels à 2 aujourd’hui, ce qui permet à la ville d’économiser 300 000 dollars par an en moyenne. De quoi donner des idées.

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Pierre-Emmanuel Bayan, chef de projet dans le secteur des énergies renouvelables, écologiste réaliste et volontaire.