Biodiversité : les cantines françaises « complices » de la surpêche

Sans le savoir, les écoliers français consommeraient régulièrement des espèces de poissons profonds dont certaines sont menacées d’extinction. Selon une enquête publiée par l’association Bloom sur l’approvisionnement en poissons de la restauration scolaire, 85% des cantines françaises ne respecteraient aucune démarche de développement durable.

« Les écoliers sont malgré eux complices de la surpêche, de l’extinction d’espèces et de la destruction de l’environnement marin » affirme Bloom. L’association de protection des océans et des espèces a réalisé une enquête parmi les écoles maternelles et élémentaires publiques des trente plus grandes communes françaises et des vingt arrondissements parisiens, au moyen de questionnaires et d’entretiens téléphoniques avec les mairies et les sociétés de  restauration collective.

Principal constat de cette enquête, il n’existe aucune information détaillée à destination des parents sur la provenance et le choix des produits de la mer servis à leurs enfants. Or les 6 millions d’écoliers français qui mangent quotidiennement à la cantine consomment régulièrement des espèces de poissons profonds dont certaines sont menacées d’extinction. « Les écoliers sont ainsi malgré eux complices de la surpêche, de l’extinction d’espèces et de la destruction de l’environnement marin. » affirme Bloom.

90% des communes servent du poisson profond

Selon l’association, 90% des communes françaises interrogées serviraient du poisson profond dans les cantines scolaires, et notamment du hoki de Nouvelle-Zélande et de Patagonie, du colin d’Alaska, de la dorade sébaste, du grenadier de roche et de la lingue bleue. Près de 50% serviraient de la « saumonette » regroupant des espèces de requins menacés d’extinction.

Près de la moitié des communes (9 sur 20) servent de la saumonette, qui comprend plusieurs espèces de requins, dont certaines sont menacées d’extinction, comme l’aiguillat commun (Squalus acanthias) et le squale chagrin commun (Centrophorus granulosus). Dans 85 % des cas, les interrogés ne suivent pas de démarche particulière de développement durable souligne l’enquête.

En moyenne, l’approvisionnement est constitué à 76 % de poissons surgelés plutôt que frais. Bloom note cependant quelques exceptions notoires à cette règle nationale : Rennes sert ainsi 90 % de poissons frais ; Nantes 80 % et Le Havre 67,7 %. La proximité du littoral pour ces trois agglomérations peut expliquer le taux plus élevé de poisson frais.

Risque sanitaire

« Les espèces profondes sont vulnérables en raison de leur longévité, de leur croissance lente et de leur reproduction tardive. » souligne Bloom qui évoque également la question sanitaire. Certains poissons profonds servis aux enfants apparaissent sur la liste de l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) des espèces présentant un risque sanitaire pour les femmes enceintes et allaitant ainsi que pour les enfants de moins de 30 mois, en raison d’une bioaccumulation importante de mercure et d’autres métaux lourds dans leurs tissus, note également l’association.

L’enquête rappelle que les trois grands de la restauration collective, Elior, Sodexo et Sogeres, se partagent 40 % du marché scolaire et achètent autant de poisson que douze hypermarchés français.

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