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La quête de l’observation du cosmos repose sur la capacité des astronomes à capter les signaux les plus faibles émis par l’univers. Depuis des décennies, des zones de silence radio ont permis de percer les mystères de l’univers primitif. Cependant, ce silence est aujourd’hui menacé par les émissions radio non intentionnelles des satellites Starlink de SpaceX. Ces signaux parasites perturbent les fréquences essentielles aux recherches astronomiques, notamment celles liées à l’étude de l’hydrogène cosmique. L’impact sur la radioastronomie est considérable et appelle à des solutions urgentes pour protéger l’intégrité des observations célestes.
Les interférences détectées par les astronomes
Une équipe de chercheurs dirigée par Steven Tingay a mis en évidence les fuites radio des satellites Starlink à l’aide d’une station prototype du Square Kilometre Array-Low (SKA-Low) en Australie. En seulement 29 jours, plus de 2,4 millions d’images du ciel ont été analysées à travers 24 bandes de fréquence. Cette étude a permis d’identifier 1 806 satellites Starlink émettant des signaux parasites, représentant environ 28 % de la constellation à l’époque. Ces interférences ne sont pas anecdotiques : dans la bande protégée des 170 MHz, essentielle pour les recherches sur l’univers primitif, certains satellites apparaissent dans près d’un tiers des images. Deux types d’émissions distinctes ont été détectées : un bourdonnement à large bande et une tonalité étroite émise toutes les 100 secondes à 137,05 MHz. Ces signaux atteignent des intensités de sept millions de Janskys, éclipsant la luminosité de la Voie lactée à ces fréquences.
Les répercussions sur la recherche astronomique
Les conséquences sur l’astronomie sont alarmantes. Les instruments comme SKA-Low, conçus pour explorer la « cosmic dawn », l’époque où les premières étoiles et galaxies se sont formées il y a environ 13 milliards d’années, sont particulièrement affectés. La détection du faible éclat radio de l’hydrogène neutre durant cette période est déjà un défi technique immense. L’ajout de milliers de satellites émettant du bruit sur ces fréquences critiques rend la tâche presque impossible. Les émissions non intentionnelles tombent dans une zone grise réglementaire, car elles ne sont pas couvertes par les régulations actuelles qui s’appliquent uniquement aux transmissions délibérées. Cela crée une situation où l’interférence nuisible est légale par défaut, mettant en péril l’avenir des découvertes astronomiques.
Solutions potentielles pour atténuer le problème
Bien que SpaceX ait pris des mesures pour réduire la pollution lumineuse de ses satellites, notamment en ajustant l’angle des panneaux solaires, aucune initiative similaire n’a été prise pour limiter les fuites radio. Pourtant, des solutions existent. Protéger davantage l’électronique embarquée ou modifier le matériel pourrait empêcher les signaux parasites de s’échapper. Si ces options échouent, des logiciels terrestres pourraient filtrer les interférences, mais cela nécessiterait des ressources de traitement considérables. Tingay avertit que les exigences en matière de traitement pourraient bientôt dépasser celles de l’analyse scientifique elle-même. Une coopération ou une réglementation semblent urgentes. Les opérateurs de satellites coupent déjà les faisceaux internet au-dessus des observatoires astronomiques. Étendre cette pratique à d’autres émissions électroniques pourrait réduire significativement le problème.
Le besoin d’une réglementation internationale
Face à la prolifération des constellations de satellites, une mise à jour des normes internationales est pressante. L’essor de projets comme Kuiper d’Amazon, OneWeb-Eutelsat et le réseau G60 de la Chine, qui prévoient le lancement de milliers de satellites supplémentaires, accentue l’urgence. Sans règles adaptées, le ciel radio pourrait se transformer en un bruit de fond permanent. Les discussions ont commencé, mais l’action doit suivre rapidement. Le rythme effréné des lancements de SpaceX, atteignant jusqu’à 23 unités par semaine, ne laisse que peu de temps pour agir. L’enjeu est de taille : retrouver le calme céleste indispensable aux avancées cosmiques futures.
Alors que la technologie spatiale avance à une vitesse exponentielle, la question de la régulation des interférences involontaires devient cruciale. Comment équilibrer les progrès technologiques et la préservation des incroyables découvertes que l’univers a encore à offrir ?
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Est-ce que cela signifie que l’on pourrait voir moins de découvertes astronomiques à l’avenir ? 😟
Je suis sûr que SpaceX trouvera une solution rapide. Ils sont innovants !
Si les satellites Starlink perturbent les observations cosmologiques, pourquoi ne pas simplement les éteindre temporairement ? 🤔