EN BREF |
|
Les scientifiques explorent de nouvelles méthodes pour suivre les objets spatiaux qui pénètrent dans l’atmosphère terrestre. Ces intrus cosmiques, souvent méconnus, représentent un défi constant pour la sécurité terrestre. Ainsi, un outil inattendu émerge pour surveiller ces visiteurs : les capteurs infrasons, initialement conçus pour détecter les explosions nucléaires. Cette approche innovante offre une nouvelle perspective sur la surveillance des débris spatiaux, exploitant une technologie existante pour relever un défi moderne.
Un héritage de la guerre froide
Depuis la guerre froide, un réseau mondial de détecteurs ultrasensibles a été installé pour surveiller les ondes infrasons générées par les essais nucléaires. Géré par l’Organisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, ce réseau est capable de capter des sons imperceptibles à des kilomètres de distance. Mais ces « oreilles acoustiques » ne se limitent pas aux seules détonations nucléaires. En effet, les capteurs détectent aussi les bruits explosifs produits par les grandes roches spatiales ou les satellites inactifs qui se désintègrent en pénétrant dans l’atmosphère terrestre. Ce réseau mondial d’infrasons offre une surveillance ininterrompue et imperturbable par les conditions météorologiques. Les ondes infrasons peuvent se propager sur de vastes distances avec une faible perte de signal. Une équipe de recherche dirigée par Elizabeth Silber explore le potentiel de ces capteurs pour reconstituer les trajectoires des débris spatiaux lors de leur rentrée atmosphérique. Ces technologies pourraient également suivre les bolides, ces météoroïdes qui se fragmentent dans le ciel. Les ondes de choc générées par ces événements ont une énergie si élevée qu’elles parcourent des milliers de kilomètres.
L’angle d’entrée
Elizabeth Silber a développé un modèle informatique spécialisé, BIBEX-M, pour tester comment les différentes trajectoires d’entrée atmosphérique affectent les détections infrasons. Ce modèle analyse les variations subtiles des sons enregistrés par les capteurs de l’Organisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires pour calculer la trajectoire la plus probable des météores et des débris spatiaux. Grâce à la triangulation, les scientifiques peuvent déterminer la trajectoire d’un objet en chute libre en comparant les moments où les signaux infrasons atteignent différents capteurs du réseau. Les résultats indiquent que les angles d’entrée raides (de plus de 60°) permettent une analyse précise des trajectoires. Toutefois, des angles d’entrée moins prononcés augmentent l’incertitude de la détermination de la trajectoire, un problème que l’équipe continue d’étudier. Connaître la trajectoire des débris spatiaux est crucial pour la préparation. Sinon, il devient difficile de prévoir leur point de chute et de prendre les précautions nécessaires.
Menace croissante des débris spatiaux
Avec l’augmentation du nombre de missions spatiales futures, le volume d’objets artificiels en orbite est appelé à croître de manière significative. Selon l’Agence spatiale européenne, l’orbite terrestre est encombrée de 130 millions de fragments de débris spatiaux supérieurs à un millimètre, menaçant les satellites actuels et futurs. À mesure que ces satellites défunts, étages de fusées et pièces fragmentées réintègrent l’atmosphère terrestre, ils posent un risque croissant. Bien que de nombreux petits fragments se consument complètement, les objets plus gros et plus denses peuvent survivre à la descente ardente et impacter la surface terrestre.
Le potentiel des capteurs infrasons
Les capteurs infrasons offrent une solution prometteuse pour une surveillance plus précise des débris spatiaux. En tirant parti de ce réseau existant, les scientifiques peuvent améliorer la sécurité terrestre face à la menace des objets spatiaux. Cependant, la complexité des signaux infrasons exige une interprétation minutieuse. Comme l’explique Silber, « l’infrason d’un bolide est plus comparable à un bang sonique étiré à travers le ciel qu’à une explosion unique ». Ainsi, il est essentiel de tenir compte du fait que le son est généré le long de la trajectoire de vol. Ce défi technique complexe ne fait que souligner l’importance de poursuivre les recherches pour améliorer la précision des détections et des prévisions.
Alors que les scientifiques continuent de perfectionner ces méthodes, une question persiste : comment cette technologie pourra-t-elle être intégrée aux futures stratégies de gestion des débris spatiaux pour minimiser les risques sur Terre?
Ça vous a plu ? 4.4/5 (25)
Est-ce que ces capteurs peuvent aussi détecter des OVNIs ? 🤔