Etats-Unis : coup de semonce climatosceptique à la Cour suprême

Après la révocation de l’arrêt Roe vs Wade aux Etats-Unis, qui sacralisait l’accès des femmes à l’avortement aux Etats-Unis, la Cour suprême vient de prendre une décision qui semble, là encore, à rebours de l’histoire. Elle concerne, cette fois, la lutte contre le réchauffement climatique et démontre la prégnance du sentiment climatosceptique dans le pays.

Une décision potentiellement lourde de conséquence

Deuxièmes plus gros émetteurs de gaz à effet de serre, avec 5,2 milliards de tonnes produites chaque année, les Etats-Unis sont au cœur de la lutte contre le réchauffement climatique. Si l’arrivée de Joe Biden à la Maison-Blanche, en lieu et place d’un Donald Trump qui tenait ouvertement des propos climato-sceptiques, avait ravivé l’espoir d’une transition énergétique massive dans le pays, la récente décision de la Cour suprême a douché les espoirs les plus optimistes.

En effet, la Cour, largement dominée par des juges conservateurs, a estimé que l’Agence pour la protection de l’environnement (EPA) n’avait pas le pouvoir de réguler les émissions des centrales à charbon, qui représentent encore 20 % de la production d’électricité dans le pays. Une compétence qui lui avait pourtant été octroyée en 2007 par la Cour suprême, alors majoritairement dominée par des juges démocrates. La structure de la Cour suprême américaine a en revanche beaucoup changé sous Donald Trump, qui s’est attaché à y faire rentrer trois magistrats, connus pour leur conservatisme et leur défiance envers la lutte contre le réchauffement climatique.  La décision, dont plusieurs gouverneurs républicains ont été à l’origine, a été qualifiée de « catastrophique » par Alexandria Ocasio-Cortez, élue démocrate à la Chambre des représentants.

Progression du sentiment climatosceptique

Le mandat de Donald Trump a entraîné une forte hausse du sentiment climatosceptique aux Etats-Unis, notamment au sein de l’électorat républicain, dont seulement 27 % le perçoit comme une menace majeure -contre 83 % pour les démocrates-, selon les données d’une étude du Pew Research Center menée en 2018. D’un point de vue global, la population américaine est moins inquiète du réchauffement climatique que le reste de la population mondiale, avec un écart estimé de 10 à 20 %. En France, un rapport de Science and You relayé par Le Monde de l’énergie mené auprès de 3 500 Français a démontré que le climatoscepticisme restait minoritaire et surtout marqué dans certaines régions, comme en PACA, où un tiers des habitants le considère comme un phénomène « avant tout naturel ».

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