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Des toilettes écolo pour le camp de base de l’Everest

Une entrepreneure malaysienne propose des toilettes sans eau, qui décompose les déchets humains en engrais en quelques jours.

C’est le destin qui a réuni Zuraina Zahari, une entrepreneure, aventurière et environnementaliste malaysienne et Imad Agi, qui vient de Suède.

La première, après avoir affronté la difficulté de trouver des toilettes lors de son ascension de l’Everest, constaté que les 12 700 kilogrammes de déchets humains transportés du camp de base de l’Everest pendant la saison d’ascension, étaient jetés dans des fosses ouvertes où ils risquent de pénétrer dans le système d’approvisionnement en eau a décidé de travailler à une solution pour pallier ce problème.

C’est en 2012, quand elle participe à un forum d’affaires qu’elle a entendu l’appel d’un homme à la recherche de partenaires pour lancer des toilettes durables, idéales pour les endroits avec un mauvais assainissement ou peu d’eau.

En effet, Imad Agi a conçu un système de toilettes sans eau qui transforme les déchets humains en engrais libéré des germes nocifs qui peuvent causer des maladies s’ils sont utilisés dans l’agriculture.

Imad Agi et Zuraina Zaharin se sont alors lancés ensemble en tant que co-fondateurs d’EcoLoo, affinant les prototypes de toilettes et en les commercialisant par la suite.

Une toilette pour les endroits les plus reculés

Les toilettes fonctionnent en ajoutant une solution microbienne à la chambre à déchets. Les microbes décomposent les solides humains – normalement en trois à quatre jours – laissant derrière eux des « cendres », tandis que les déchets liquides sont transformés en engrais liquide, qui peut être extrait via un exutoire, explique Zuraina Zaharin. EcoLoo recommande que la solution de microbe soit rechargée une fois par mois et coûte 55 euros pour un an d’approvisionnement.

EcoLoo affirme qu’elle est moins énergivore qu’une toilette ordinaire, car il n’y a pas d’eaux usées à séparer et à traiter. Par ailleurs, le processus bactérien empêche la formation de mauvaises odeurs dans le réservoir.

La gamme de toilettes, d’un prix compris entre 700 et 2 200 euros, a remporté de nombreux prix et vendu plus de 2 000 unités dans 21 pays. Des unités ont par exemple été installées à Petra, site du patrimoine mondial de l’UNESCO en Jordanie.

Selon Zuraina Zaharin, l’EcoLoo pourrait potentiellement jouer un rôle dans les efforts de secours en cas de catastrophe lorsque les problèmes d’assainissement, souvent liés à l’approvisionnement en eau contaminée, provoquent une propagation rapide des maladies.

Le stress hydrique, une crise dont on ne parle pas

Bien sûr, ce n’est pas la seule toilette sans eau. Les modèles existent depuis des décennies dans le monde développé sous une forme ou une autre, incinérant, congelant ou compostant les déchets. Mais EcoLoo pense que son produit à faible consommation d’énergie pourrait bénéficier d’un large attrait.

Nous utilisons 141 milliards de litres d’eau douce chaque jour dans le monde pour tirer la chasse d’eau – soit six fois la consommation d’eau quotidienne de la population africaine – selon une étude récente.

Pendant ce temps, « le stress hydrique est la plus grande crise dont on ne parle pas », a déclaré plus tôt cette année Andrew Steer, directeur du World Resources Institute. La diarrhée liée à un assainissement inadéquat fait chaque année environ 432 000 morts, selon l’ONU. Le climat actuel semble mûr pour que les toilettes moins gourmandes en ressources et en énergie deviennent courantes.

Zuraina Zaharin affirme que son entreprise a depuis longtemps dépassé son objectif initial qui était de servir les communautés rurales. Des modèles de luxe et des unités plus petites conçues pour les transports et les stations balnéaires insulaires sont également sur le marché.

La co-fondatrice d’EcoLoo a encore une montagne à gravir : l’installation de ses toilettes au camp de base de l’Everest. Mais le rêve continue. « Étant une aventurière, je n’abandonnerais jamais », dit-elle.

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