L’Inde converge vers les énergies renouvelables

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Face au changement climatique, le deuxième pays le plus peuplé au monde veut réussir sa transition énergétique. Un enjeu de taille pour une nation qui compte notamment sur les investisseurs étrangers et l’essor des nouvelles technologies pour parvenir à limiter les gaspillages et développer ses infrastructures renouvelables.

 

L’Inde se met au vert

227 gigawatts : tel est l’objectif que s’est fixé l’Inde en matière de production d’électricité renouvelable. A l’horizon 2030, le pays tirerait ainsi 40% de son énergie des sources solaires, éoliennes ainsi que du biogaz. Une ambition déjà affichée depuis l’accord de Paris : aujourd’hui, sa capacité totale d’énergie renouvelable s’établit à 114 gigawatts, alors même que sa demande est en augmentation. Le Sous-continent représente le 4e plus grand marché mondial pour l’éolien, le 6epour le solaire. Cette deuxième piste pourrait connaître une nette croissance : selon Fatih Birol, économiste et directeur exécutif de l’Agence internationale de l’énergie, à l’avenir, « la Chine, l’Inde et les États-Unis vont mener le changement pour le photovoltaïque ».

Si le gouvernement central indien a tablé sur un besoin d’investissement d’environ 50 milliards de dollars pour effectuer ces prochains mois le développement des infrastructures de production renouvelable, c’est en tout une enveloppe de 189 milliards, d’ici 2022, qui sera nécessaire pour augmenter de 100 Gigawatts les capacités voltaïques et de 60 les capacités éoliennes du parc indien. Selon l’analyse de Gireesh Shrimali, ancien directeur de l’organisme Climate Policy Initiative en Inde, « un manque de fonds propres et d’investissement par l’emprunt » pourraient nuire à l’avancement des différents projets. Le gouvernement entend donc multiplier les initiatives en matière de financement dans les prochaines années : elle pourrait proposer une dette à long terme aux intérêts bas pour certains porteurs de projet, de même que des solutions d’amortissements accélérés (via des crédits d’impôt), pour d’autres. Gireesh Shrimali le rappelle : il faudra à l’Inde des capitaux publics, mais aussi des investissements privés pour atteindre les objectifs fixés depuis la COP21.

Des entreprises sur le pied de guerre

 

Face à la demande énergétique croissante de l’Inde, de grandes sociétés se positionnent sur des projets d’envergure. C’est ainsi le cas de ThomasLoyd, une structure d’investissement spécialisée sur le marché asiatique. Elle est à l’origine de nouveaux parcs solaires : celui de Karnataka, au sud du sous-continent, fournit l’énergie nécessaire à une population de 72.000 personnes, pour 700.000 mètres carrés de surface installée. Dans le centre du pays, l’usine de Telengana a une capacité de production suffisante pour alimenter 20.000 personnes. ThomasLoyd, qui est devenue actionnaire majoritaire de SolarArise, un acteur majeur du secteur basé à New Delhi, multiplie les initiatives dans ce sens. Michael Sieg, son dirigeant le précise : « les centrales électriques pour les énergies renouvelables en Asie bénéficient de conditions climatiques idéales ». On considère en effet qu’un panneau solaire installé en Inde reçoit presque deux fois plus de rayonnement que la même surface photovoltaïque implantée en Europe centrale.

Du côté de l’éolien, EDF Renouvelables, en partenariat avec le Groupe SITAC vient de remporter un appel d’offres lancé par le Gouvernement indien, portant sur un projet éolien massif, permettant la production de 300 mégawatts d’électricité, soit les besoins annuels de 1,3 million d’Indiens. En construction, ce parc s’inscrit dans un Power Purchase Agreement de 25 ans, et dans une stratégie d’expansion pour l’entreprise énergétique française, pour laquelle cette installation « contribue à la stratégie CAP 2030 d’EDF qui vise à doubler ses capacités renouvelables nettes dans le monde au-delà de 50 GW, entre 2015 et 2030. » selon les précisions apportées par Bruno Bensasson, Directeur exécutif d’EDF en charge du Pôle énergies renouvelables et PDG d’EDF Renouvelables. La société totalisait 600 mégawatts d’énergie éolienne opérationnelle fin 2018 en Inde. L’autre grande entreprise énergétique française, Engie, prévoit quant à elle un investissement d’un milliard de dollars sur le marché des énergies renouvelables en Inde dans les cinq prochaines années.

Les compteurs intelligents au service de la transition énergétique

 

Outre la production, c’est par l’essor des nouvelles technologies côté consommation que l’Inde entend maîtriser au mieux la problématique énergétique. L’installation de compteur intelligent fait partie de ses mesures. EDF International Networks vient ainsi de lancer le déploiement des modèles Genus dans l’état de l’Andhra Pradesh, au sud-est, et de Bihar, au nord-est, près du Népal. Près de cinq millions d’entre eux vont être posés chez les particuliers indiens. Une avancée qui correspond au souhait de l’Inde d’améliorer drastiquement son réseau de distribution : outre la lutte contre les vols d’énergie, ces compteurs permettront le suivi des pics de consommation et l’ajustement de l’offre aux besoins réels des professionnels comme des particuliers. Cette première implantation anticipe une campagne d’installation massive : d’ici une vingtaine d’années, c’est 250 millions d’unités que le gouvernement indien veut voir posées dans le pays.

Un marché gigantesque, qui s’inscrit dans une démarche globale de modernisation du réseau, que l’Inde souhaite rapide, afin d’accompagner l’évolution de sa production vers des sources décarbonées.

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