La Malaisie veut lutter contre la déforestation grâce à des palmiers nains

Un programme d’amélioration de la nouvelle espèce de palmiers à huile nains est actuellement en test en Malaisie. Les scientifiques espèrent qu’il permettra de réduire les coûts et les dommages environnementaux causés par le secteur controversé de l’huile de palme.

L’huile de palme est devenue l’ingrédient essentiel des produits de consommation courante allant des biocarburants au chocolat, entraînant un boom de la production des deux plus grands producteurs mondiaux, l’Indonésie et la Malaisie.

Cependant, les mouvements écologistes accusent l’expansion rapide des plantations d’avoir détruit la jungle abritant notamment des orangs-outans, mais aussi es terres de certaines tribus. Des campagnes environnementales ont porté atteinte à son image dans l’ouest du pays.

La mauvaise publicité, conjuguée à la hausse des stocks et à la faible demande des principaux importateurs, a entraîné une chute abrupte des prix.

Le Bureau de l’huile de palme de Malaisie espère que l’initiative qui tend à créer des arbres plus petits puisse contribuer à améliorer les problèmes de l’industrie.

« Grâce à cette variété plus petite, nous pouvons améliorer les rendements, optimiser l’utilisation des terres et améliorer la durabilité de l’huile de palme », ​​a déclaré à l’AFP Meilina Ong-Abdullah, scientifique spécialisée dans les plantes au sein du laboratoire de Bangi.

Des arbres plus petits et plus productifs

Les arbres nains, qui sont environ 30% plus petits que les arbres normaux et ont des frondes (feuilles) plus courtes, sont le fruit d’un programme de recherche de plusieurs décennies mené par le Bureau de l’huile de palme, un organisme gouvernemental.

Leur petite taille rend plus facile et plus rapide la collecte des grappes de baies rouges à partir desquelles l’huile est extraite, et signifie qu’il faut moins de main-d’œuvre pour la récolte.

Un plus grand nombre d’arbres peuvent être regroupés dans un espace plus petit et ils produisent environ 37,5 tonnes de fruits de l’huile de palme par hectare, soit le double de la moyenne actuelle par hectare.

Cela entrainerait une moindre exploitation des forêts tropicales pour cultiver l’huile végétale la plus vendue au monde, et pourrait permettre une utilisation plus productive des terres qui sont réensemencées après les défrichements précédents.

En Malaisie seulement, les plantations d’huile de palme couvrent quelque 5,8 millions d’hectares, soit environ la taille de la Croatie.

Des prix de vente trop élevés

Dans le cadre du programme de sélection du Bureau de l’huile de palme, des arbres nains ont été plantés dans plusieurs régions, notamment dans une propriété de Bukit Lawiang, dans le sud de l’État de Johor. Les arbres nains mesurent environ cinq mètres de haut, contre une moyenne d’environ 7,5 mètres pour les arbres conventionnels de la région.

Mais le plan fait face à d’énormes défis, notamment le prix relativement élevé des arbres nouvellement créés, ce qui peut les rendre trop coûteux pour de nombreux agriculteurs durement touchés du pays.

Mis en vente en 2017 à environ 30 ringgits (6,5€) chacun, les semis coûtent près du double du prix des variétés conventionnelles.

Mohamad Isa Mansor, qui possède une plantation d’huile de palme de cinq hectares, a déclaré qu’il souhaitait les acheter – mais que le coût était un frein.

« Les petits exploitants sont pauvres et maintenir notre quotidien est un défi en raison de la baisse des prix de l’huile de palme brute », a-t-il déclaré à l’AFP.

Il a par ailleurs ajouté que « replanter un hectare avec la nouvelle variété coûtera environ 6 000 ringgits. Où allons-nous trouver cette énorme somme d’argent ?».

Une nouvelle espèce qui souffre de la mauvaise réputation de sa grande soeur

Le gouvernement ne semble pas non plus prêt à intervenir et à aider. La ministre Teresa Kok a déclaré à l’AFP que le gouvernement à court de liquidités « n’a pas les fonds nécessaires pour aider les petits exploitants à replanter pour le moment ».

L’utilisation d’arbres plus petits ne devrait cependant pas suffire à contrecarrer les campagnes environnementales et l’opposition croissante à l’huile de palme, en particulier en Europe.

Le dernier défi auquel sont confrontés l’Indonésie et la Malaisie est une initiative du Parlement européen visant à interdire l’utilisation de l’huile de palme dans les biocarburants, qui, selon des groupes de l’industrie, détruiraient les moyens de subsistance de millions de petits agriculteurs.

Les environnementalistes étaient favorables au programme concernant les arbres nains, mais estimaient que celui-ci devait s’accompagner d’efforts pour reboiser les zones déjà mises à nu pour les plantations.

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