Au Kenya, on bombarde des graines pour faire face à la déforestation

Pas de trous à creuser ni de semis à transplanter, mais seulement des graines enrobées de charbon qui sont jetées au hasard dans le désert depuis le ciel. Au Kenya, il s’agit de la nouvelle façon de planter des arbres.

Connu sous le nom de « seedbombs » (bombardement de semences), la méthode est pratiquée par des défenseurs de l’environnement travaillant avec Teddy Kinyanjui, qui s’affaire à trouver des produits respectueux de l’environnement.

Teddy Kinyanjui est un fervent défenseur de l’environnement et travaille en collaboration avec Chai Dust Ltd. Ils ont travailler ensemble à l’élaboration d’un système qui enrobe des graines d’acacia dans une boule de poussière de charbon de bois. Cette dernière les protége des oiseaux, des insectes et des animaux jusqu’à ce que la pluie tombe et stimule la croissance des arbres après le « bombardement des semences » depuis le ciel.

« Une fois enrobées, les graines sont entièrement protégées lorsqu’elles tombent sur le sol, en attendant que la pluie tombe pour enlever la poussière de charbon et leur permette de germer », a déclaré M. Kinyanjui.

L’enveloppe de poussière de charbon est appelée « biochar ». En plus de la poussière de charbon, elle est constituée d’amidon de manioc pour la reliure.

Le mélange de poussière de charbon une fois trempé dans l’eau se désagrège et expose la graine à la germination dans des conditions idéales. Elle aide aussi à retenir un peu d’humidité autour de la graine. Alors que la poussière de manioc a des sucres et des minéraux qui aident à stimuler la germination des graines.

« Nous collectons la poussière accumulée depuis des décennies par les vendeurs de charbon de bois. D’un point de vue philosophique, la vieille poussière de charbon de bois remonte à l’origine des arbres pour en faire pousser de nouveaux », a-t-il remarqué.

Les plus grands partisans du projet sont la « David Sheldrick Wildlife Trust » et la « Water for Wildlife Foundation », des organisations de conservation, ainsi que Tropic Air, une compagnie d’affrètement d’hélicoptères.

« Chaque fois que leur hélicoptères volent, les occupants reçoivent un sac de graines d’acacias et ils les jettent depuis le ciel », a déclaré Teddy Kinyanjui.

Cette méthode est, selon lui, la meilleure façon de reconstituer les zones arides dévastées par le brûlage du charbon de bois.

Neville Sheldrick du David Sheldrick Wildlife Trust affirme avoir distribué environ 225 000 graines dans les écosystèmes de Tsavo et de Chyulu Hills depuis le début de l’année dernière.

Bien que aléatoire, le grand avantage du bombardement aérien est que les graines sont dispersées dans des régions éloignées où il n’y a aucune présence humaine, et dans des terrains où il serait presque impossible de planter des arbres. Il aide également à ensemencer plus d’acres en moins de temps.

Teddy Kinyanjui achète les graines auprès de l’Institut de recherche forestière du Kenya (Kefri) qui lui garantit un certain niveau de qualité. Les graines, testées par Kefri, ont un taux de germination de 60% et sont ensuite traitées pour être bombardées.

Selon lui, 1 kilo du pack Kefri contient 20 000 graines. Une fois enrobé, un kilo contient 50 boules de graines.

L’expérience s’avère concluante et Teddy Kinyanjui envisage de la dupliquer avec des herbes qui poussent dans la savane et les pâturages.

  • facebook
  • googleplus
  • twitter