Une start-up norvégienne transforme les déchets plastiques en carburants et estime que sa production pourrait être multipliée par 100 au cours de la prochaine décennie.
L’entreprise, soutenue par le géant pétrolier Vitol Group, devrait produire environ 350 barils de diesel et d’essence par jour dans son usine au Danemark dès le début 2019, et envisage un potentiel de 30 000 à 40 000 par jour d’ici 10 ans. Quantafuel a fait le pari de fabriquer du carburant à partir de plastique – un produit pétrolier – et ainsi aider à atténuer le problème environnemental croissant de la pollution plastique.
Le monde produit plus de 300 millions de tonnes de plastique chaque année, dont la moitié devient presque instantanément un déchet, selon la Plastic Oceans Foundation. Avec la prise de conscience mondiale que constitue la menace écologique du plastique, il était temps pour Quantafuel de déployer son savoir-faire.
70% du plastique transformé en diesel
« Notre objectif est de devenir une société pétrolière pertinente qui n’a pas quatre plates-formes dans la mer du Nord », a déclaré le PDG Kjetil Bohn dans une interview la semaine dernière.
Après l’annonce d’un partenariat stratégique avec Vitol en avril conclu à hauteur de 150 millions de couronnes danoise (20 millions d’euros), la société a vu sa valorisation grimper à près de 500 millions de couronnes.
Les actions de Quantafuel commenceront à être négociées sur le marché norvégien de gré à gré à la fin du mois de juin, et la société prévoit d’être cotée à la bourse d’Oslo d’ici mi 2019.
Pendant ce temps, Quantafuel se concentre la nécessité de prouver que sa technologie – l’une parmi plusieurs autres en cours d’utilisation ou de développement dans le monde entier – peut supporter une telle production.
Le plastique est chauffé à environ 450 degrés, 1 tonne de déchets produisant environ 900 kilogrammes de carburant. Environ 70% sont transformés en diesel, 15% en essence et moins de 5% en pétrole lourd, tandis que le reste constitue le gaz réutilisé dans le processus de chauffage.
Bien que l’usine aura besoin d’énergie supplémentaire et de gaz naturel liquéfié dans la phase de démarrage, elle produira à terme davantage d’énergie qu’elle n’en utilise, selon l’entreprise.
Fabrication d’un produit premium
Même si le diesel de Quantafuel émet à peu près la même quantité de carbone que les autres diesels lorsqu’il est brûlé dans un moteur de voiture, les émissions sont réduites de 90% pendant la fabrication, le classant comme carburant à faible teneur en carbone. Cela permet à l’entreprise et à Vitol, son distributeur exclusif, de le vendre en tant que carburant premium.
Les marges sont en outre stimulées par le faible coût des matières premières : alors que l’entreprise achètera une partie du plastique qu’elle utilise, elle est payée pour récupérer le reste.
« Nous créons un lien entre deux marchés qui ne sont pas connectés aujourd’hui. Sur l’un de ces marchés, vous êtes surtout payé pour recevoir des déchets », a déclaré Kjetil Bohn. « Cela donne un très bon retour sur investissement. »
L’entreprise utilise du plastique qui n’est pas actuellement recyclé. Près de 70% de tous les déchets plastiques collectés en Europe finissent dans les décharges ou sont incinérés pour la production d’énergie, selon PlasticsEurope, un groupe de producteurs. « Faire du diesel est un moyen beaucoup plus efficace de produire de l’énergie que la combustion du plastique pour se chauffer », a déclaré Kjetil Bohn.
Quantafuel prévoit de construire une deuxième usine en Norvège l’année prochaine avec la même capacité, à savoir 60 tonnes de déchets par jour. Si la production initiale au Danemark se déroule comme prévu, Vitol et Quantafuel se partageront ensuite le financement d’une installation pouvant traiter 300 à 500 tonnes à Anvers, en Belgique. Cette dernière pourrait être en marche d’ici fin 2020. Coût estimé : 63 millions d’euros.
D’ici là, l’objectif de Quantafuel est d’atteindre un taux de croissance de 60 tonnes de capacité journalière.
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