Le caribou et le renne menacés à leur tour d’extinction

La liste des espèces animales menacées par l’activité humaine et notamment le réchauffement climatique n’en finit pas de s’allonger. Les deux dernières les plus emblématiques sont des habitants de l’Arctique canadien, le morse et le caribou.

A l’issue de sa réunion bisannuelle, le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (Cosepac) a augmenté à 62 le nombre d’espèces sauvages du nord canadien menacées d’extinction, en y ajoutant le rat kangourou d’Ord, l’esturgeon jaune, le noyer cendré, le Bruant à face noir, le requin-taupe bleu, et deux espèces emblématiques du nord canadien, le morse et le caribou migrateur de l’Est.

Une biodiversité en péril

Une partie du nord canadien se réchauffe plus rapidement que partout ailleurs dans le monde : « La biodiversité du Canada est en péril d’un océan à l’autre, et une intervention rapide sur divers fronts est requise, que ce soit de faire face aux perturbations de l’habitat et à la surexploitation jusqu’aux efforts concertés pour contrer les effets du changement climatique. » a expliqué Eric Taylor, président du Copesac.

Concernant les morses, une des trois populations de l’Atlantique canadien a déjà disparu vers 1850, victime de la chasse, et les deux survivantes souffrent considérablement des effets conjugués du recul de la glace, provoqué par le réchauffement climatique, de la chasse et du développement du tourisme et de l’industrie.

Le morse, particulièrement vulnérable au perturbations de son milieu

« Le morse est un mammifère plutôt inhabituel et distinctif des mers septentrionales. Les morses ont été très importants pour les Inuits, à la fois comme nourriture et dans leur culture, et le demeurent encore à ce jour. Les morses sont particulièrement vulnérables aux perturbations, et méritent certainement une attention particulière. » dénonce Hal Whitehead, expert en mammifère marin membre du Copesac.

De nombreuses espèces de caribou ont déjà été étudiées par le Copesac, mais le Comité s’est intéressé pour la première fois au Caribou migrateur de l’Est, en s’appuyant notamment sur les populations de deux hardes particulièrement connues. Et si la première connait un grave déclin, la seconde a été presque exterminée : de 800 000 individus en 1993, le nombre a chuté à quelques milliers cette année.

Une harde de caribou réduite en 25 ans de 800 000 à quelques milliers d’individus

Là encore le responsable est clairement identifié, il s’agit du réchauffement climatique, associé aux activités humaines : « Les arbustes couvrent de plus en plus des paysages autrefois dominés par le lichen, source de nourriture principale du caribou en hiver; et la surexploitation se poursuit. Nous sommes préoccupés par le fait que ces facteurs puissent rendre très difficile le rétablissement des hardes. » détaille Graham Forbes, coprésident du sous-comité des mammifères terrestres du COSEPAC, qui propose de classer l’espèce « en voie de disparition ».

La régularité avec laquelle ce genre d’informations nous parvient est sans doute le plus glaçant, comme si les désastres provoqués par l’activité humaine sur la biodiversité n’avaient pas de limites.

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