Transition énergétique : rouler au biométhane ?

  • par Serge Marshall
  • 31/08/2015
  • Energie
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L’amendement voté le 19 mai dernier à l’Assemblée Nationale et introduit à l’article 9 du Projet de loi sur la transition énergétique a été l’occasion pour la DGEC* de réunir tous les acteurs de la filière, dont la FNTV, afin de prendre leur avis sur un projet préliminaire.

À l’issue de cette réunion, différentes zones ont été définies en fonction des PPA (Plan de Protection de l’Atmosphère) existants ou en cours de définition, de la taille des villes concernées et des décisions de restriction de circulation qui peuvent être prises localement par les Préfets.

Au regard des bus urbains, dans les zones moyennement sensibles, seules les technologies GNV, Bio Méthane, Hybrides électriques et électriques seraient envisagées. En revanche, pour les autocars, le sujet est plus complexe : de fait, seule la technologie Diesel est ici utilisée en masse. Or, l’Etat souhaite imposer une solution alternative au Diesel dans les zones où la qualité de l’air est la plus médiocre. Les filières Gaz Naturel ou Bio Méthane semblent envisageables pour tenir cet objectif. Soit ! Cela ne pourra pour autant se faire qu’à la condition express que leur distribution soit suffisamment maillée !

En Vendée, une action pilote C’est pourtant dans ce contexte – et avec ces contraintes ? – qu’au printemps dernier Yves Auvinet, Président du Conseil départemental de Vendée, présentait une action pilote** en France : l’expérimentation d’un autocar roulant au bio-méthane sur un circuit scolaire puis sur une ligne régulière. « Avec sa forte croissance démographique et économique, la Vendée consomme de plus en plus d’énergies. C’est pourquoi,le Département a mis en place le plan « Vendée Energies Nouvelles ». L’objectif est que 50 % de l’énergie électrique consommée en Vendée soit produite de manière renouvelable à partir de 2025. La mise en place de cette expérimentation est une action emblématique de ce plan ».

Bilan de l’expérimentation ?

Testé du 4 mai au 16 juin dernier, cet autocar n’a donné que des motifs à satisfaction, observe Freddy Pasquet, Directeur d’exploitation chez Sovetours qui évoque un premier bilan « à chaud » établi début juillet avant un rapport qui sera remis cet automne : « tant au niveau de la clientèle que des autorités organisatrices, nous n’avons rencontré aucun écueil ni contrainte. Certains clients nous ont même fait part de leur satisfaction à voyager dans un car propre, par ailleurs autonome sur 500 à 700 km, ce qui est suffisant en transport scolaire. Au regard de l’exploitation, nous avons pu compter sur des conducteurs eux-mêmes très investis. Il est vrai que le car était stationné proche du site de méthanisation, près de la pompe en quelque sorte. La problématique de la logistique ne peut être sous-estimée ».

À terme, pareil projet ne peut se déployer sans une écoute des politiques comme des autorités organisatrices : la source de distribution doit être sérieusement envisagée. « C’est un paramètre qui ne peut être dissocié si l’on veut réussir. »

* Service du Ministère de l’écologie, en charge de la rédaction de ce décret
**Si le Conseil départemental pilote le projet, celui-ci a été rendu possible grâce à l’implication de cinq partenaires privilégiés : Agribiométhane qui regroupe une dizaine d’agriculteurs (elle s’engageait à fournir le gaz nécessaire au fonctionnement de l’autocar), Sovetours-FNTV, Scania, GDF-SUEZ et la Communauté de communes du canton de Mortagne-sur-Sèvre.

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50% DE BUS ET DE CARS A « FAIBLES EMISSIONS » EN 2020

Selon un amendement gouvernemental voté par les députés en mai dernier, les transports publics devront comprendre au moins 50% d’autobus et d’autocars à faibles émissions à compter de 2020.

Cet amendement  « fixe des jalons temporels précis pour le renouvellement des flottes, mais permet une certaine souplesse dans son application via un décret en Conseil d’État« , insiste le gouvernement dans l’exposé de cette mesure qui a bien entendu* la nécessité « d’une souplesse dans l’application pour tenir compte des usages, des territoires dans lesquels ils circulent et du degré de développement des technologies, tout particulièrement du réseau d’avitaillement »*

Ainsi, dès lors qu’ils gèrent directement ou indirectement un parc de plus de 20 autobus et autocars pour assurer des services de transport public, L’État, ses établissements publics, les collectivités territoriales et leurs groupements devront acquérir ou utiliser lors du renouvellement du parc, des autobus et autocars à faibles émissions** dans la proportion minimale de 50% à partir du 1er janvier 2020 puis en totalité à partir du 1er janvier 2025.

*lors de la table ronde avec les représentants des collectivités locales, des autorités organisatrices des transports, des entreprises de transport public et des constructeurs de bus et cars.
** Définis en référence à des critères fixés par décret, selon l’amendement.

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Journaliste économique, animateur de débats, colloques et séminaires.