BTP : « Notre priorité ? Le maintien de l’emploi ! »

Rémi AmicelRémy Amicel, président de la Fédération Régionale des Travaux Publics de Bretagne. Dans une période marquée par la crise et la pénurie des finances publiques, le secteur des travaux Publics est directement impacté enregistrant une baisse de son activité de 1,5% l’année passée avec 5 000 emplois perdus et 20 000 depuis 2007. C’est donc dans un contexte tendu que la FRTP Bretagne tire la sonnette d’alarme par la voix de son président.

La crise date aujourd’hui de 2008, il aura fallu 5 ans pour voir les choses à ce point se radicaliser ?

Oui, la crise date en effet de 2008. Nous avons certes connu pareille situation de par le passé sauf que les prix remontaient après les pics de crises. Or aujourd’hui ils restent au plus bas et nous ne voyons pas les prémices de leur remontée, avec en particulier très peu d’appels d’offres qui sortent et un climat où tout le monde a peur de ne pas avoir de travail.

En 2013, notre préoccupation est bien la rentabilité de nos entreprises et j’évoquerais même pour priorité le maintien de l’emploi : on ne parle même plus de création d’emplois ! On a fait le dos rond jusque fin 2012. On dénombre de moins en moins d’intérimaires et de CDD dans nos entreprises. Restent les CDI. A côté de cela nous continuons la formation des apprentis: mais à quelle fin continuer à les former si, à terme, on ne peut leur donner du travail ?

Le problème auquel nous sommes confrontés est le suivant : les collectivités ont eu de sérieux soucis de financement. Soit elles n’avaient pas accès au crédit, ou pas sur des durées longues, soit il était très cher. C’est du passé !

Les collectivités disposent aujourd’hui de deux outils : au minimum 15 Mds d’euros seront disponibles, soit sous forme de crédits bancaires classiques, allant jusque 15 ans via la Banque Postale, soit sous forme de mobilisation des fonds de l’assurance-vie, de lignes Caisse des Dépôts pour les projets de long terme et autres emprunts obligataires. Et les taux sont au plus bas !

Sauf qu’elles ne le savent pas ?

Je pense qu’il y a un manque de communication en effet. Il faut qu’on rassure nos donneurs d’ordre : je ne suis pas sûr que ces dispositifs soient en effet bien « descendus » en directiondes collectivités, rurales notamment. Dans les grosses agglomérations, les services, bien structurés, sont avertis.

Mais quand on sait que les collectivités locales, dont les rurales, représentaient il y a encore peu 47,2% de nos clients, il est important qu’elles soient bien informées des possibilités existantes pour les aider à réaliser leurs projets. Sans même parler de disparités à terme entre les collectivités urbaines et rurales : en milieu urbain, notamment dans les grandes villes, les choses fonctionnent encore?mais ailleurs ?

Je note aussi qu’habituellement, en période d’élections, les intercommunalités lançaient des projets? Or, aujourd’hui elles resserrent leur budget même avant les élections ! Heureusement, les grands projets nous profitent encore comme la LGV. Nous sommes très heureux de voir ces projets se réaliser mais ils restent concentrés à un instant T sur une
zone géographique délimitée?

Education ou pression : quels sont vos leviers d’actions ?

Manifester n’est pas dans nos réflexes premiers. Nous avons une autre façon d’envisager les choses via une campagne de communication qui ne passe pas par la dénonciation de ceci ou de cela. Notre message est de faire comprendre aux élus qu’il ne faut pas qu’ils restent bloqués mais continuent à porter des projets pour maintenir l’activité.

D’où cette table ronde organisée à Rennes le 7 juin prochain et qui sera ensuite déclinée département par département, sur les trois autres : c’est une première pour nous. Il faut que nous arrivions à mobiliser les décideurs et porteurs de tout projet car les infrastructures publiques restent bien un levier majeur du développement économiques des territoires et de l’amélioration de la qualité de vie.

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Journaliste économique, animateur de débats, colloques et séminaires.