La filière éolienne française en danger

Par le Syndicat des Energies Renouvelables, qui en appelle aux pouvoirs publics pour aider les professionnels de l’éolien confrontés à une baisse inquiétante de leur activité en 2012. Fragilisées, la filière éolienne souligne que ce ralentissement est contraire aux objectifs fixés par le Grenelle de l’environnement.

Les chiffres, publiés la semaine dernière par ERDF, confirment le constat des professionnels de la filière éolienne sur le terrain : un ralentissement inquiétant du nombre de parcs éoliens raccordés au réseau électrique. En effet, seuls 215 mégawatts éoliens ont été mis en service durant le premier semestre 2012.

Ce chiffre est inférieur à celui de 2011, qui fut également une année très décevante avec seulement 875 MW raccordés : 340 MW avaient été mis en service durant les six premiers mois de l’année 2011, soit près de 100 MW de plus que durant ce dernier semestre. Les professionnels de la filière éolienne, regroupés au sein du SER, rappellent que pour atteindre les objectifs du Grenelle de l’environnement fixés à l’énergie éolienne – 19 000 MW terrestres en 2020 – ce sont près de 1 400 MW annuels qu’il faudrait raccorder.

Plusieurs causes expliquent ce blocage :

– Tout d’abord, la multiplication des démarches administratives nécessaires au dépôt des projets ralentit considérablement le nombre de ces derniers.
– Par ailleurs, les recours contre les parcs et contre les ZDE (Zones de développement de l’éolien) se multiplient et retardent la mise en route des installations : en 2011, leur nombre atteignait 42 % contre 35 % en 2009.
– Sur le terrain, les délais de raccordement augmentent du fait du manque de capacité d’accueil des réseaux électriques.
– Enfin, il faut également citer les difficultés de financement, liées à la crise économique.

L’incertitude qui pèse, depuis plusieurs mois, sur l’avenir du tarif d’achat de l’électricité d’origine éolienne, va encore aggraver la situation : le volume des MW éoliens raccordés pour les deux derniers trimestres 2012 risque de diminuer encore. Cette incertitude affecte l’ensemble de la chaîne de valeur et compromet, d’ores et déjà, des milliers d’emplois.

« Face à cette situation très préoccupante, il est de la responsabilité des pouvoirs publics de prendre des mesures d’urgence visant à alléger le cadre réglementaire, réduire les contraintes qui pèsent sur les infrastructures de réseau et à sécuriser le cadre économique. Il est également important que des décisions soient prises pour empêcher les dérives liées aux possibilités de recours abusifs des tiers. Les professionnels recommandent l’adoption d’un dispositif tel que celui proposé par le sénateur COURTEAU, dans sa proposition de loi déposée le 5 juillet dernier », explique Jean-Louis BAL, Président du Syndicat des énergies renouvelables.

L’accomplissement de l’objectif des 23 % d’énergies renouvelables en 2020, voté à la quasi-unanimité par le Parlement en 2009, ne pourra être atteint sans l’éolien terrestre qui doit représenter 10% de notre bouquet électrique à cette échéance contre moins de 2,5% aujourd’hui.

Au 1er août 2012, le Syndicat des énergies renouvelables regroupe 450 adhérents, représente un chiffre d’affaires de 10 milliards d’euros et 80 000 emplois. Elle est l’organisation professionnelle qui regroupe les industriels de l’ensemble des filières énergies renouvelables : biomasse (FBE), bois, biocarburants, éolien, énergies marines, géothermie, hydroélectricité, pompes à chaleur, solaire photovoltaïque (SOLER), solaire thermique et thermodynamique.

L’énergie éolienne est entrée dans une phase industrielle marquée par un dynamisme important et une croissance mondiale de près de 30 % en 10 ans. En Europe, malgré la crise, en 2011, les installations éoliennes ont représenté plus de 21 % de nouvelle capacité électrique installée. Aujourd’hui, la filière emploie 200 000 personnes en Europe. (source European Wind Energy Association) et 10 000 en France.

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