Mobilité : les Français délaissent la voiture

Flambée des carburants, crise économique, autopartage? les Français se détourneraient progressivement de la voiture même si l’utilisation de solutions alternatives restent encore marginales. C’est en substance la constatation de l’Observatoire des Mobilités et des Arbitrages automobiles du BIPE, société d’études économiques et de conseil en stratégie qui étudie en permanence le comportement de 1 500 ménages.

Selon les résultats présentés aux adhérents de l’OMA, « des ruptures significatives des comportements automobiles sont actuellement à l’?uvre ». Acheter et posséder une voiture n’est « plus une nécessité évidente pour bon nombre de français » constate l’Observatoire, même si un récent sondage Ifop affirme au contraire que 84% des Français considéreraient encore la voiture comme une nécessité, 14% seulement la considérant comme « dépassée ».

Ventes en chute libre

Les ventes aux ménages s’effondrent depuis le début de l’année et la part du budget consacré à l’achat automobile n’a jamais été aussi bas en France rappelle le BIPE. Cette dépense, qui représentait 5% du budget des ménages il y a dix ans, a fortement diminué ces dernières années en dépit des primes à la casse et pourrait même se limiter à 3% en 2012 anticipe le bureau d’études.

Mais « plus impressionnant encore », l’usage de la voiture est en chute libre, particulièrement dans les zones denses affirme l’OMA. Alors que 76% des français se déplaçaient tous les jours en voiture en 2010, ils ne sont plus que 72% à le faire aujourd’hui. Concrètement, cette baisse de l’usage de la voiture semble profiter à l’ensemble des modes alternatifs.

Ainsi, 11% des français déclarent qu’ils utiliseront plus souvent les transports collectifs à l’avenir et 13% le vélo. À l’opposé, l’automobile est le mode pour lequel les intentions d’abandon sont les plus clairs : 11% des automobiles utiliseront moins souvent leur voiture dans les 6 prochains mois.

Flambée des prix des carburants

La hausse des prix du carburant semble en être la raison principale : entre octobre 2011 et mai 2012, le budget carburant mensuel des ménages est passé de 142 ? par foyer à 152 ?, soit une hausse de 7% rappelle le BIPE. Conséquence directe, près de la moitié des automobilistes (45%) auraient fait évoluer leur comportement depuis 6 mois : la limitation de la fréquence des déplacements est la solution la plus prisée (72% d’entre eux), devant la diminution des kilométrages (41%), le choix de modes alternatifs pour certains trajets (18%) ou encore les économies d’usage comme le covoiturage ou l’écodriving (4%).

Concrètement, l’OMA remarque que 3 indicateurs phares sont aujourd’hui simultanément au plus bas pour l’automobile : des achats en baisse, des parts modales qui chutent et des kilométrages annuels par véhicule qui au mieux stagnent (sans doute de l’ordre de 12 600 km par voiture en 2011).

Logiquement, les baisses sont plus marquées dans les zones denses où de nombreuses alternatives existent et sont chaque jour plus nombreuses : autopartage privé, covoiturage dynamique, voitures en libre service?. A Paris, Lyon, Strasbourg et Marseille par exemple, la part modale de la voiture est passée sous le seuil fatidique des 50% (c’est-à-dire que désormais, plus d’un déplacement sur deux dans ces villes se fait sans voiture) note le BIPE. A l’inverse, dans les zones rurales et périurbaines où 93% des automobilistes déclarent ne pas avoir d’alternative, la place de voiture résiste.

Solutions alternatives encore marginales

Selon un sondage Ifop réalisé pour le site aramisauto.com, 73% des Français ne rêveraient plus d’automobile, devenu un objet banal pour une majorité et surtout fonctionnel pour 54% d’entre eux. Sans nier la curiosité des Français vis-à-vis des solutions alternatives à la voiture, Frédéric Michaud, directeur adjoint de l’Ifop souligne que « les nouveaux modèles de consommation de l’automobile n’en sont encore qu’à leurs prémices. Il existe un intérêt, mais ces systèmes ne sont pas actuellement en mesure de prendre le relais ou même de concurrencer de façon nette le fait de posséder sa voiture ».

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