Alcool, drogues… des consommations variables selon le secteur d’activité

L’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé publie aujourd’hui les premiers résultats de son Baromètre santé consacré aux consommations de substances psychoactives en milieu professionnel. Et, il fait apparaitre des consommations variables d’alcool, de cannabis ou de cocaïne, selon le secteur d’activité.

Les résultats de cette enquête menée pendant près d’un an auprès de 27653 personnes âgées de 15 à 85 ans, montrent que certains secteurs professionnels présentent une part plus importante d’usagers de substances psychoactives. Ainsi, les consommations d’alcool, qu’il s’agisse de l’usage quotidien ou des consommations ponctuelles importantes, sont particulièrement fréquentes dans les secteurs de l’agriculture et de la pêche (16,6 % d’usage quotidien contre 7,7 % parmi l’ensemble des actifs âgés de 16 à 64 ans) et de la construction (13,4 % d’usage quotidien). Ces secteurs sont également particulièrement touchés par les consommations ponctuelles importantes mensuelles (30,7 % dans le secteur de l’agriculture et de la pêche et 32,7 % dans le secteur de la construction contre 19,2 % parmi l’ensemble des actifs), ainsi que les secteurs de l’industrie (26,2 %), l’hébergement et la restauration (26,9 %).

La construction en tête

La consommation actuelle de cannabis (usage au cours de l’année) s’avère plus fréquente dans la construction (13 % de consommateurs dans l’année contre 6,9 % parmi l’ensemble des actifs), l’hébergement et la restauration (12,9 %), mais de manière encore plus prononcée dans les arts et spectacles (16,6 % de consommateurs dans l’année).

Pour ce qui est de l’expérimentation d’autres drogues illicites (cocaïne, ecstasy, poppers, champignons hallucinogènes), le milieu de la construction apparaît plus souvent expérimentateur de cocaïne et de champignons hallucinogènes, tandis que les milieux de la restauration, de l’information/communication, et des arts et spectacles sont particulièrement consommateurs de toutes ces autres drogues (cocaïne, ecstasy, poppers, champignons hallucinogènes).

A l’inverse, quatre secteurs d’activités ont des consommations significativement plus faibles que le reste des actifs : l’administration publique, l’enseignement, le milieu de la santé humaine et de l’action sociale, et les activités de services des ménages.

Des différences hommes-femmes

Toutefois, les analyses par secteur d’activité sont à interpréter avec précaution, du fait du caractère fortement sexué de certains d’entre eux (par exemple le secteur de la construction compte 90 % d’hommes et la santé/action sociale 83 % de femmes) et des différences de consommation de certaines substances selon le genre. Ainsi, si les hommes exerçant dans le secteur du commerce ont une consommation qui ne se distingue pas du tout de leurs homologues des autres secteurs, les femmes de ce secteur sont en revanche plus souvent fumeuses de cannabis et ont plus souvent connu l’ivresse au cours de l’année.

Les surconsommations des hommes exerçant dans les secteurs de l’agriculture et de la pêche (alcool) et de la construction (alcool, cannabis et autres drogues illicites) ne sont pas observées chez les femmes exerçant ces métiers. Enfin, concernant les drogues illicites autres que le cannabis, les surconsommations observées chez les hommes dans les secteurs de l’hébergement et la restauration ne se retrouvent pas chez les femmes.

Des usages liés au travail

Plus du tiers des fumeurs réguliers (36,2%), 9,3% des consommateurs d’alcool et 13,2% des consommateurs de cannabis déclarent avoir augmenté leurs consommations du fait de problèmes liés à leur travail ou à leur situation professionnelle au cours des 12 derniers mois. Le renforcement de ces conduites addictives apparaît significativement plus important chez les chômeurs que chez les actifs occupés.

La consommation d’alcool sur le lieu de travail (hors repas et pots) concerne 16,4% des actifs occupés (18,9 % des hommes et 10,3 % des femmes). 40 % des actifs occupés déclarent avoir consommé de l’alcool à la sortie du travail, entre collègues (43 % des hommes et 32,6 % des femmes).

Ces résultats ne doivent pas occulter le fait que l’exercice d’une activité professionnelle reste globalement un facteur de protection des conduites addictives, comparée à la situation de recherche d’emploi. Ainsi, au même titre que l’installation en couple ou la naissance du premier enfant, l’entrée dans le monde du travail semble être l’occasion d’un abandon des consommations de substances psychoactives pour une majorité des personnes consommatrices au cours de leur jeunesse.

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