Bisphénol A : l’Académie de médecine déplore une interdiction précipitée

L’Académie nationale de médecine est revenue hier sur la décision d’interdire le bisphénol A dans tous les contenants alimentaires. En effet, selon leur dernier rapport rendu public hier, les académiciens regrettent cette interdiction en l’absence de produit de substitution fiables, tout en préconisant des mesures de précaution pour les femmes enceintes.

Accusé d’être un perturbateur endocrinien, le bisphénol A sera exclu de tous les contenants alimentaires à partir de 2014. L’Académie de médecine est revenue hier sur cette décision adoptée par l’Assemblée nationale en octobre dernier. Selon le Pr Henri Rochefort, spécialiste de santé publique en cancérologie, et co-auteur du rapport, « il ne sert à rien d’interdire le bisphénol A tant que l’on ne disposera pas de produits de remplacement, aussi intéressants et sans effet sur la santé. Or, nous n’avons pas de tels matériaux de substitution« expliquait-il lors de la présentation publique.

Les auteurs de ce rapport ne remettent toutefois pas en cause les effets néfastes du bisphénol A sur la santé. Ils reconnaissent que le BPA contribue, même pour une faible part, à l’augmentation des cancers hormono-dépendants, et ne remettent donc pas en cause le principe de précaution appliqué en la matière.

Informer plutôt qu’interdire

Néanmoins, plutôt qu’une interdiction radicale du BPA en l’absence de substitut, l’Académie de médecine préfère une information préalable des consommateurs vis à vis de cette substance mais également des phatlates, autres perturbateurs endocriniens. Ainsi, pour éviter une libération du BPA dans les aliments, il convient de ne pas chauffer les aliments directement dans leur emballage plastique. Il est également conseillé de ne pas stocker longtemps et à température élevée les eaux minérales dans des bouteilles plastiques libérant des phtalates.

Il est enfin conseillé ne pas recycler les emballages contenant des BPA ou phtalates et les caissières manipulant des tickets contenant des BPA sont invitées à porter des gants. Ces mesures s’adresseraient en priorité aux personnes les plus à risque : les femmes enceintes, celles donnant le sein, les travailleurs exposés ou encore les personnes ayant eu cancer du sein ou de la prostate.

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