Solaire : le fiasco espagnol

L’Espagne qui avait massivement misé sur le solaire pour gagner son indépendance énergétique et limiter ses importations, doit faire face aujourd’hui à une véritable « catastrophe » financière, contrainte de rembourser aux électriciens du pays, la somme astronomique de 14 milliards d’euros de manque à gagner.

Les Echos évoquent aujourd’hui l’incroyable imbroglio écolo-politico-financier espagnol qui devrait alourdir encore un peu plus les contraintes budgétaires de Madrid. Soucieuse de gagner son indépendance énergétique et de limiter ses importations de gaz naturel, de charbon ou de fioul, l’Espagne a beaucoup misé sur les énergies renouvelables, l’éolien et le photovoltaïque. Si le développement du premier s’est bien déroulé, le second pose d’importants problèmes au gouvernement.

Contrairement au marché éolien où le développement s’est fait progressivement sous la houlette de professionnels électriciens tels qu’Iberdrola Renovables ou Acciona, le solaire a attiré plutôt des acteurs du BTP qui voyait là un nouvel eldorado. Didier Laurens, analyste à la Société Générale, explique aux Echos que « le gouvernement espagnol a donné des tarifs de rachat irresponsables au regard de l’ensoleillement », des tarifs pouvant atteindre 440 euros par mégawatts, soit 5 fois le prix payé par les particuliers.

14 milliards de manque à gagner

Les grands groupes énergétiques du pays se retrouvent donc obligés de combler la différence et intègrent dans leurs bilans un manque à gagner tarifaire qui doit être compensé par l’Etat. Et le montant de la facture atteint aujourd’hui 14 milliards d’euros ! Face à cet état de fait, le gouvernement espagnol a baissé cet été les tarifs d’achat mais cela ne suffit pas. L’Etat doit également faire face aux propriétaires des centrales qui menacent de se présenter devant la Cour de justice européenne après que l’Espagne ait tenté de revenir sur les contrats de vingt-cinq ans accordés aux centrales existantes.

Alors pour payer ce désastre, ce sont encore les particuliers qui vont devoir mettre la main au portefeuille avec des factures électriques qui vont exploser. Une loi qui entrera en vigueur en 2013 va obliger l’Etat à supprimer les déficits tarifaires et ce dernier n’aura alors d’autre choix que de procéder à des hausses massives des tarifs énergétiques.

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