Le Mediator devant le tribunal

Dans le cadre de l’affaire du Mediator, une première plainte au pénal a été déposée jeudi dernier auprès du parquet de Nanterre, une plainte contre X pour « tromperie aggravée sur la nature, la qualité substantielle et la composition du produit », « mise en danger de la vie d’autrui« , « administration de substance nuisible » et « homicide involontaire« .

C’est donc officiel, l’affaire du Mediator prend aujourd’hui une tournure judiciaire puisqu’une première plainte a été déposée le 18 novembre dernier auprès du parquet de Nanterre. Après le dépôt de quatre plaintes au civil, c’est la première au pénal. Le procureur de Nanterre, Philippe Courroye a toutefois décidé de se désaisir de cette affaire et de la confier au parquet de Paris et à son pôle de santé publique.

Cette plainte émane de la famille d’un patient décédé d’une valvulopathie cardiaque ainsi que d’un autre patient atteint de troubles graves aux valves du coeur après avoir pris du Mediator. Selon Me Charles Joseph-Oudin, l’avocat des plaignants, ces derniers « ont clairement l’intention de soumettre à la justice touts les questions soulevées par la récente étude de la Caisse nationale d’assurance-maladie et de lui demander de se pencher sur les dysfonctionnements au sein des autorités sanitaires qui ont tardé à interdire ce médicament« .

Une nocivité ignorée

« Il faut bien se dire que si le Mediator avait été retiré du marché en 2003, comme en Espagne et en Italie, de nombreuses victimes ne seraient pas malades aujourd’hui, ajoute Me Joseph-Oudin. Les victimes et leurs familles sont en colère d’avoir été tenues dans l’ignorance de la nocivité du Mediator pendant des années. Elles sont surtout scandalisées par le manque de considération à leur égard. Les faits montrent clairement que des pratiques ont été mal conduites. Les 500 morts répertoriés par la Cnam en sont la preuve. Les victimes attendent que justice soit faite ».

Responsable du centre régional de pharmacovigilance de Bordeaux, le docteur Françoise Haramburu témoigne de son incompréhension dans Le Monde d’aujourd’hui. « Nous traînions le dossier du benfluorex comme un boulet » affirme le membre du Comité technique national de pharmacovigilance qui ne comprend toujours pas « pourquoi il n’avait pas été retiré du marché en 1999 » alors qu’on savait dès cette date, qu’ « il pouvait y avoir des hypertensions artérielles pulmonaires avec ce médicament ».

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