Scandale morbide à la centrale nucléaire de Sellafield

Pendant 30 ans, des organes et des os ont été prélevés sans autorisation, sur les cadavres de 64 employés du complexe nucléaire de Sellafield au nord-ouest de l’Angleterre. C’est la révélation extravagante d’une importante enquête publique qui vient d’être publiée outre-manche, dont se fait l’écho Courrier international.

Publiés le 16 novembre dernier, les résultats de l’enquête publique commandée en 2007 par le ministre du Commerce et de l’Industrie de l’époque, Alistair Darling, viennent de révéler que jusqu’en 1992, des foies, langues et même jambes ont été prélevés en toute illégalité sur des cadavres aux fins d’analyses scientifiques. Anecdote glauque, les os manquants de ces victimes post mortem du site nucléaire ont été parfois remplacés avant les funérailles par des manches à balai.

Vertèbres, reins, fois, c?ur, rate, poumons?

« Dans cette affaire, les familles des victimes devraient être vengées » juge Stan Higgins, le fils d’une victime. Mort à 49 ans, son père ancien « para » et rugbyman passionné, travaillait comme chef d’équipe dans l’usine de préparation du combustible, lorsqu’une fuite survenue en 1973 l’avait lourdement exposé au ruthénium.

« L’homme le plus irradié qui ait jamais survécu » selon son fils, désormais médecin, le salarié de la centrale nucléaire britannique a vécu pendant environ 5 ans, après avoir succombé à une crise cardiaque. Si Stan Higgins avait eu connaissance que des tissus avaient été prélevés sur son père, il n’a appris qu’il y a seulement 3 ans l’ampleur des prélèvements : vertèbres, médiastin, reins, fois, c?ur, rate, sternum, poumons et ganglions lymphatiques ayant été « volés ».

Grâce à Courrier international qui relate un article paru dans The Independent, on apprend qu’un médecin avait passé un « accord informel » avec des responsables de l’hôpital de West Cumburland grâce auquel il se procurait des organes. Ils étaient stockés dans un bac à glace avant analyse puis envoyés vers le dépôt de déchets à faible activité de Drigg.

Site le plus radioactif d’Europe  de l’Ouest

Implanté sur la côte de la mer d’Irlande dans le comté de Cumbrie au nord-ouest de l’Angleterre, le complexe lancé à partir de 1951 comprend aujourd’hui 400 bâtiments répartis sur 10 km², employant environ 10 000 personnes. La centrale de Windscale, rebaptisée Sellafield, après un grave accident survenu en 1957, est considéré par beaucoup comme le site le plus radioactif d’Europe de l’Ouest.

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