Après le thon rouge, le thon blanc est à son tour menacé

Greenpeace poursuit son combat contre la surpêche au thon. Si le thon rouge de Méditerranée est une espèce menacée mais fait l’objet de sévères quotas de pêche, d’autres espèces de thonidés sont actuellement surexploités et donc menacées dans l’Océan Indien, s’inquiète l’association écologiste.

L’ONG souligne que l’Union européenne et la France notamment continuent à exporter et à créer de la surcapacité de pêche, dans l’Océan Indien par exemple, où l’on pêche des thons tropicaux. Or « les organisations de gestion de la pêche aux thonidés se sont révélées incapables d’organiser une pêche raisonnée et durable » pour Greenpeace.

« Les industriels du thon se tirent une balle dans le pied en maintenant la surcapacité de pêche » affirme l’association. Au lendemain de l’ « échec » de la réunion sur la surcapacité de pêche, réunissant les 4 principales organisations régionales de gestion des pêches (ORGP) thonières qui s’est tenue à Brisbane en Australie la semaine dernière, Greenpeace dénonce la position française. Selon les écologistes, la France, qui a actuellement 10 thoniers senneurs pêchant dans l’Atlantique (côtes de l’Afrique de l’Ouest) et 11 dans l’Océan Indien, souhaite augmenter d’ici à 2015 de 18 792 tonne le volume total de sa flotte de l’Océan Indien, soit 4 nouveaux méga-senneurs, 15 senneurs et 8 palangriers reconvertis au thon tropical.

Au maximum de leur exploitation

Pour Greenpeace, « la majorité des populations de thons tropicaux de l’Océan Indien sont déjà au maximum de leur exploitation : c’est le cas du thon germon (ou thon blanc) et du thon obèse ». L’association rappelle que le thon albacore, thon à la chair de couleur rouge fréquent sur les étals français et souvent présenté comme alternative durable au thon rouge de Méditerranée, est déjà surexploité. Il constituerait de 25 à 50 % des captures françaises selon les années dans l’Océan Indien. 318 000 tonnes ont été pêchées en 2008 contre un maximum recommandé par les scientifiques de 300 000 tonnes et sa population se trouve à présent en dessous de la limite de durabilité, s’alarme Greenpeace.

De plus, l’association dénonce des pratiques particulièrement destructrices pour la biodiversité. Les méthodes de pêche employées, telles que la senne coulissante associée aux dispositifs concentrateurs de poissons (DCP), sont redoutables car elles entrainent des captures importantes de juvéniles d’albacore mais aussi d’autres espèces de thons encore plus fragiles, ainsi que des captures de requins et de tortues marines, selon Greenpeace.

Concrètement, les méga-senneurs industriels de 90 mètres construits par la Sapmer (armement basé à la réunion), ne peuvent même pas être enregistrés sous pavillon français car le registre est déjà plein pour cette catégorie de bateaux, et le sont donc sous pavillon « France Territoires », et immatriculés à Mayotte, précise l’ONG. Pour Greenpeace, avec une capacité unitaire de 7 000 tonnes de thon par an, ces méga-senneurs vont accroitre la pression de pêche sur ces populations de poissons déjà affaiblies alors que l’organisme de gestion de la pêche, l’IOTC, n’a toujours pas fixé de quotas de pêche pour ces thons tropicaux.

Même scénario que le thon rouge

« On rejoue exactement le même scénario que pour l’ICCAT et le thon rouge : construction d’une surcapacité de pêche massive avant même la mise en place de quotas par le gestionnaire, et alors que les scientifiques tirent déjà la sonnette d’alarme depuis quelques années ! » s’indigne Greenpeace. Face à ce sombre constat, la France prône le statu quo, avec le maintien des quotas comme principal système de gestion des ressources halieutiques, et laisse la pêche industrielle s’accaparer des ressources déjà surexploitée, regrettent les écologistes.

Dans le cadre de la réforme de la PCP, Greenpeace demande donc que les avis scientifiques aient valeur de référence légale pour la fixation des quotas de pêche. Par ailleurs, l’ONG réclame des objectifs contraignants de réduction de la surcapacité des flottes soient pris, la transparence et la traçabilité dans la gestion des pêches de l’UE soient améliorées.

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