Parfums de scandale au Canada

Quel est le point commun entre les marques de parfum de stars comme Curious de Britney Spears, Halle de Halle Berry, ou encore Lo Glow de Jennifer Lopez ? Elles seraient toutes dangereuses pour la santé, selon l’étude américaine publiée par l’association environnementale Défense environnementale, avec 14 substances chimiques dangereuses détectées en moyenne dans ces produits cosmétiques.

De nombreuses marques de parfum parmi les plus vendues – dont Curious de Britney Spears, Eternity de Calvin Klein, Fierce d’Abercrombie & Fitch et Old Spice – contiennent au moins une dizaine de produits chimiques secrets non divulgués sur l’étiquette, dont l’association peut provoquer des réactions allergiques ou perturber le fonctionnement endocrinien. C’est ce que révèle une étude publiée aujourd’hui par Défense environnementale Canada et la Campaign for Safe Cosmetics aux États-Unis, qui confirment également que la sécurité de bon nombre de ces substances n’a jamais été vérifiée par les comités d’autosurveillance de l’industrie.

« Les lois actuelles sur les cosmétiques posent un risque pour la santé des Canadiens », affirme Rick Smith, directeur général de l’organisme Défense environnementale. « Pourtant, la solution est simple : Ottawa devrait interdire l’usage de toute substance dangereuse dans les parfums et cosmétiques. De plus, la population devrait pouvoir connaître tous les produits qui entrent dans leur confection et savoir si leur sécurité a été vérifiée. »

17 parfums testés outre-Atlantique

Dix-sept parfums achetés au Canada et aux États-Unis ont été soumis à une évaluation par un laboratoire indépendant de la Californie. Intitulée « Not Too Sexy : The health risks of secret chemicals in fragrance » (Rien pour séduire : les risques associés aux substances secrètes contenues dans les parfums), l’étude révèle que les parfums vendus au Canada obtiennent certains des pires résultats.

Concrètement, chaque produit contient en moyenne 14 substances chimiques secrètes. Celles-ci ne sont pas indiquées sur les étiquettes en raison d’une échappatoire qui permet aux entreprises de les regrouper sous l’étiquette « parfum ». Seventy Seven d’American Eagle, acheté au Canada, en contenait 24, le nombre le plus élevé constaté dans le cadre de l’étude.

L’étude a repéré en moyenne 10 substances sensibilisantes susceptibles de provoquer des réactions allergiques telles que maux de tête, respiration sifflante, asthme et dermite de contact. Aqua di Gio de Georgio Armani, acheté au Canada, contenait 19 substances sensibilisantes distinctes, plus que tout autre produit testé dans le cadre de l’étude.

12 modulateurs endocriniens

Par ailleurs, l’enquête a découvert 12 modulateurs endocriniens distincts, la moyenne étant de quatre pour chaque produit. Les parfums Halle de Halle Berry, Quiksilver (acheté au Canada) et Lo Glow de Jennifer Lopez contenaient chacun 7 substances capables de perturber le système endocrinien, dont 6 qui imitent l’?strogène et une qui influencerait la glande thyroïde.

L’ONG souligne que « la sécurité de la vaste majorité des ingrédients relevés dans ces produits n’a pas été vérifiée par les comités de surveillance mandatés volontairement par l’industrie ». Sur les 91 repérés dans le cadre de l’étude par le biais de tests de laboratoire ou de l’étiquette de produit, seulement 19 ont fait l’objet d’une évaluation par la Cosmetic Ingredient Review et 27 par l’Association mondiale des matières premières pour la parfumerie et la Research Institute for Fragrance Materials (RIFM), deux organismes chargés de fixer des normes volontaires en matière de contenu des parfums.

« Les substances chimiques contenues dans les parfums sont inhalées ou absorbées par la peau; un grand nombre aboutissent dans l’organisme, dont celui des femmes enceintes et des nouveau-nés », affirme Jane Houlihan, première vice-présidente de la recherche à l’Environmental Working Group (EWG). Dans une analyse récente, l’ONG rappelle que l’EWG a découvert, dans le sang ombilical de la majorité des bébés faisant partie de l’échantillon, du galaxolide et du tonalide, deux sortes de musc synthétique qui pourraient être toxiques pour le système endocrinien. Parmi les produits recensés par l’étude Not So Sexy, un seul n’en contenait pas.

Phtalate de diéthyle

Selon l’association, sur les 17 parfums testés, 12 contenaient du phtalate de diéthyle, une substance chimique décelée chez 97 % des Américains. Celle-ci est associée au développement anormal des organes génitaux chez les bébés de sexe masculin et aux anomalies du sperme chez les hommes adultes.

La publication de l’étude Not So Sexy marque le lancement d’une campagne initiée par Défense environnementale sous le thème Just Beautiful, dont le but est d’améliorer la sécurité des cosmétiques et des produits de beauté. L’étude s’inscrit dans une série de rapports destinés à mettre au jour les substances dangereuses contenues dans le maquillage, les parfums, les lotions, les shampoings et les savons utilisés au quotidien par les familles canadiennes. La campagne coïncide avec l’examen des lois sur les cosmétiques entrepris par le gouvernement fédéral.

« À moins de les faire tester en laboratoire, il n’y a aucun moyen pour les gens de savoir si leurs parfums favoris sont sûrs. Notre gouvernement doit suivre l’exemple de l’Europe en interdisant l’usage des pires substances et en obligeant les fabricants à divulguer ce que leurs produits contiennent », fait valoir Rick Smith. « Entretemps, les acheteurs peuvent consulter notre étude et notre guide afin de choisir les produits les plus sécuritaires. »

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