Pas d’Annexe I pour le thon rouge

La conférence de la Convention internationale sur le commerce des espèces sauvages menacées , qui se déroule à Doha, a rejeté hier les propositions de Monaco et de l’Union européenne visant à classer le thon rouge  à l’Annexe I pour en interdire le commerce international.

La proposition d’inscription du thon rouge à l’Annexe I de la Cites afin d’en interdire le commerce international n’a pu obtenir la majorité des deux tiers hier à Doha lors du vote. Il s’agit là d’une victoire pour le Japon qui a fait campagne contre cette interdiction.

« Cela signifie que les importations de thon rouge vont continuer pour l’instant, et je pense que c’est bien que son prix n’augmente pas davantage« , commentait le Premier ministre japonais à l’issue du vote hier. Quant au porte-parole du gouvernement japonais, il exprimait son grand soulagement suite à cette décision.

Rôle central de l’ICCAT

Tokyo souhaite que la surveillance des stocks et la réglementation de la pêche soit confiée à la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique (ICCAT), qui réunit une cinquantaine de pays pêcheurs. Il s’est associé en novembre à une décision de cette instance de réduire les prises autorisées de 22.000 tonnes en 2009 à 13.500 tonnes en 2010.

Cette gestion des stocks par l’ICCAT est une solution également envisagée par Jean-Marc Fromentin, chercheur spécialiste du thon rouge, qui confiait dans le cadre d’un entretien accordé à Enviro2B que « les mesures de gestion préconisées par le comité scientifique de l’ICCAT pourraient suffire pour gérer une espèce comme le thon rouge, à condition que ces mesures de gestion soient actées par les décideurs politiques, et soient ensuite mises scrupuleusement en application et contrôlées ».

Toutefois, la France considère toujours que la seule protection efficace doit s’inscrire dans un cadre international. C’est pourquoi elle est décidée à proposer à l’Union européenne de continuer ses efforts pour convaincre les Etats parties de la CITES d’agir en faveur de la protection de cette espèce via un classement en annexe II qui régule le commerce international des espèces menacées.

Inutile de dire que c’est un échec pour les écologistes particulièrement mobilisés sur ce dossier. « Malgré des rapports scientifiques accablants, les échecs répétés de l’ICCAT et un ralliement progressif d’un grand nombre d’Etats, la communauté internationale a décidé de sacrifier le thon rouge sur l’autel des intérêts économiques à court terme, sans même prendre le temps d’un véritable débat » s’insurge Charles Braine, responsable du programme Pêche durable au WWF-France.

Un « tsunami d’inconsciences« 

« C’est une funeste journée pour la biodiversité marine. Aujourd’hui, nous vivons un véritable tsunami d’inconsciences. En pleine année internationale de la biodiversité qu’une espèce aussi emblématique que le thon rouge soit sacrifiée au profit d’intérêts économiques de court terme est une véritable honte. C’est une injure que l’on fait au vivant ! Nous appelons l’ensemble des citoyens à une mobilisation générale pour sauver le thon rouge » déclarent Isabelle Autissier, et Serge Orru, respectivement Présidente et Directeur du WWF-France.

Pour Benoît Hartmann, chargé de mission Mer & littoral de France Nature Environnement « La CITES ne remplit pas son rôle si elle ne protège que des espèces dont la disparition est inéluctable du fait du peu de représentants encore en vie qui n’offrent plus la diversité génétique minimum pour éviter la dégénérescence liée à la consanguinité? ».

  • facebook
  • googleplus
  • twitter