Le silence atomique de la sûreté nucléaire

nucleaire.jpgLe Réseau « Sortir du nucléaire » vient de rendre publique hier un scoop particulièrement délicat pour l’industrie nucléaire française. L’ASN a suspendu mi-décembre les agréments des laboratoires de contrôle de toutes les centrales nucléaires françaises… en toute discrétion.

Censés réaliser en continu des mesures autour des installations nucléaires, les laboratoires de toutes les centrales nucléaires françaises sont défaillantes. Constatant ces graves lacunes, l’Autorité de sureté nucléaire (ASN) a choisi de suspendre ou refuser leur agréments au moyen de 4 décisions en date du 16 décembre dernier.

Pourtant en charge de la sécurité nucléaire, l’ASN n’a procédé à aucune communication publique depuis cette date. Un silence qui interroge et qui pose évidemment problème surtout au regard de la sensibilité des Français en matière de problématiques environnementales et notamment nucléaires.

Pour le Réseau « Sortir du nucléaire », les autorités françaises doivent répondre « de toute urgence » aux questions qui se posent après la découverte de cette situation inquiétante. Les écologistes viennent d’interpeler par courrier Jean-Louis Borloo, ministre en charge de l’énergie, pour lui poser les questions actuellement sans réponses.

Beaucoup de questions en suspend

Alors que les laboratoires des centrales nucléaires EDF ne sont actuellement plus agréés, les écologistes demande officiellement aux pouvoirs publics « qui réalise actuellement les mesures exigées par les arrêtés autorisant EDF à exploiter ces centrales ? » Pour le Réseau, « si ces mesures ne sont pas faites, les centrales doivent être immédiatement arrêtées« .

Par ailleurs, les écologistes demande « Quelles sont précisément les défaillances des laboratoires des centrales nucléaires EDF, et depuis quand ces défaillances existent-elles ? Quelle peut être l’ampleur des rejets effectués depuis des années par les centrales nucléaires au-delà des limites légales (qui, pourtant, sont déjà fort laxistes) ? Comment les citoyens peuvent-ils faire confiance aux ‘responsables’ d’une industrie aussi dangereuses et qui s’avèrent incapables de mesurer leurs rejets radioactifs opérés l’environnement ? »

Pour le Réseau « une fois de plus, l’industrie nucléaire montre qu’elle est très loin d’être irréprochable alors que les conséquences et les risques qu’elle fait peser sur l’environnement et la santé des populations sont incommensurables et incomparables à tous les autres« .

Confirmation de l’ASN

Interpelée par les écologistes, l’ASN vient de publier aujourd’hui sa réponse officielle. Elle précise avoir instruit au second semestre 2008 des demandes d’agrément de laboratoires EDF qui ont mis en évidence des écarts dans les méthodes de mesure de la radioactivité dans l’environnement.

Après avis défavorable de la commission d’agrément, l’ASN confirme avoir refusé le 16 décembre 2008 les nouvelles demandes et suspendu les agréments d’EDF en cours. Par ces décisions, l’autorité reconnait que « les laboratoires internes d’EDF ne sont donc pas ou plus agréés pour les mesures de tritium et de radioactivité bêta dans l’eau et dans l’air« .

L’autorité nucléaire précise qu’elle a demandé à EDF d' »engager immédiatement un programme d’actions correctives qui doivent être opérationnelles au 1er février 2009« . L’ASN précise que « jusqu’à obtention des agréments, EDF doit sous-traiter ces mesures de radioactivité dans l’environnement à des laboratoires extérieurs agréés« .

Enfin, pour l’autorité française, « le refus et la suspension des agréments des laboratoires EDF pour les mesures de radioactivité dans l’environnement n’interrompent pas la surveillance de la radioactivité autour des centrales nucléaires« . L’ASN rappelle que l’IRSN effectue une surveillance de l’environnement sur l’ensemble du territoire français, y compris autour des sites nucléaires.

Aucune explication sur ce silence

Si l’ASN confirme donc, contrainte et forcée, l’information du Réseau « Sortir du nucléaire », l’autorité nucléaire n’explique pas les raisons de son silence assourdissant sur cette information majeure, pendant près d’un mois.

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