Pétrole : l’Arabie va-t-il siffler la fin de la récré ?

arabie_saoudite.JPGEn pleine crise pétrolière, l’Arabie Saoudite a décidé de convier les ministres de l’Energie des pays producteurs, consommateurs et groupes pétroliers à une conférence internationale sur la question le dimanche 22 juin à Djeddah, sur la mer rouge. Pour gérer la situation ou la régler ?

A écouter l’Agence Internationale de l’Energie (AIE), l’Arabie Saoudite aurait le pouvoir à lui seul, à tout moment, d’inverser la flambée des cours du baril en quelques jours. Avec un potentiel estimé à 1,85 million barils / jour que le royaume pourrait injecter rapidement sur le marché, l’Arabie Saoudite détient une grande partie de la réponse à la crise pétrolière. En a-t-il vraiment envie ?

Des signes de bonne volonté

Disposant d’énormes réserves, la monarchie Saoud a récemment donné un premier signe de bonne volonté. En mai dernier, l’Arabie Saoudite a décidé la mise sur le marché de 300 000 barils / jour de plus, sans que cette décision qualifiée de « ponctuelle » par Ali al-Nouaïmi, ministre saoudien du pétrole, ait la moindre influence sur les cours mondiaux.

Poursuivant cette logique, le premier exportateur de pétrole au monde a annoncé jeudi qu’il allait augmenter de 200.000 barils sa production, qui s’établit actuellement à 9,45 millions de barils par jour, confirmant la hausse annoncée dimanche par le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon. Soucieux de prendre les choses en main, l’Arabie Saoudite réunira donc dimanche les grands acteurs mondiaux du marché pétrolier officiellement pour discuter de la flambée des prix, des causes et des moyens d’y faire face.

Convaincre l’Iran

Très puissant, le royaume se montre disposé à détendre le marché en augmentant la production. Mais l’Arabie doit maintenant convaincre les autres membres de l’Opep dont certains se montrent réticents à toute augmentation. Deuxième producteur de l’Opep, l’Iran fait partie des pays opposés à toute idée de progression sensible de la production.

Pour le président iranien qui participera à la réunion de Djeddah, la crise pétrolière actuelle n’est pas la conséquence d’un déséquilibre entre l’offre et la demande, car « le marché est bien fourni« . Selon Mahmoud Ahmadinejad « cette situation est artificielle et imposée » et essentiellement le résultat à une spéculation folle.

70 ans de réserves

Disposant encore d’un matelas confortable d’environ 70 ans de production, Ryad s’inquiète actuellement des prix actuels qui, s’ils perduraient, pourraient inciter les pays consommateurs à changer radicalement et rapidement de source d’énergie. Les Saoudiens semblent disposer à faire pression sur l’Opep pour que les pays producteurs acceptent d’injecter plus de pétrole sur les marchés et stopper rapidement la spéculation excessive sur l’or noir.

En terme de potentiel, on sait que l’Arabie pourraient très rapidement mettre sur le marché plus de 1 million de barils par jour et donc stopper immédiatement la crise actuelle. A titre d’exemple, Ryad pourrait prochainement augmenter sa production de 500 000 barils / jour, rien qu’avec le développement du seul champ pétrolier de Khursaniyah. Avec ce gisement, Ryad peut injecter sur le marché du pétrole de bonne qualité particulièrement adapté au diesel, un carburant très demandé.

Une baisse des cours dès lundi ?

Que se passera-t-il dimanche prochain ? Les marchés pétroliers enregistreront-ils une baisse record dès lundi ? Rien n’est moins sûr. Car tout l’enjeu de cette conférence est d’arriver à faire redescendre les cours à des niveaux acceptables tout en les conservant à prix encore très rentables autour de 100 dollars le baril. Les pays producteurs ont encore en mémoire le Sommet de Djakarta. En décidant d’augmenter en 1997 sa production de 10%, l’Opep avait entrainé l’effondrement des cours à 10 dollars.

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