Pollution environnementale : qui a peur de la recherche ?

Le Réseau Environnement Santé s’interroge sur les raisons qui ont conduit à supprimer mi-décembre le Comité national des registres des malformations des nouveaux-nés en Rhône-Alpes. Une décision qui fait suite à l’abandon récent du programme de recherche CESA par l’ANR.

Pourquoi veut-on détruire en France de tels outils de veille en santé-environnement ? Quand monte la température, pourquoi casser le thermomètre ? A qui profite cette décision brutale et incompréhensible ? Autant de questions que pose le RES, l’association en lutte contre les pollutions environnementales qui demande des explications aux pouvoirs publics.

Alors même que le Grenelle et le Plan National Santé Environnement ont insisté sur l’urgence de mieux connaître les facteurs reprotoxiques qui affectent les nouveaux-nés, la décision brutale de l’Institut national de veille sanitaire de fermer le REMERA constitue aujourd’hui « un véritable scandale » s’indigne RES. L’association rappelle que le fait d’être exposé, in utero, à des substances toxiques comme des pesticides constitue l’une des causes des maladies qui touchent la population dans son ensemble.

Une décision « soudaine » et « scandaleuse »

Dans la région Rhône-Alpes, une petite équipe d’épidémiologistes et de statisticiens travaillait quotidiennement à réunir des informations pour évaluer cet impact, dans le but de détecter d’éventuelles épidémies de malformations et faire des recherches sur les facteurs de risques environnementaux. Cette décision « soudaine », annoncée le 15 décembre par le Comité national des registres, vient mettre un « coup d’arrêt brutal et inattendu » au Registre des Malformations congénitales de Rhône-Alpes, qui existe depuis 1973 souligne le RES.

Et ce n’est pas tout. L’Agence nationale de la recherche (ANR) a abandonné pour 2012 le programme consacré à la santé environnementale « Contaminants et environnement : métrologie, santé, adaptabilité, comportements et usages » (CESA). Cette décision « prise en catimini » à la demande du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, sans que le conseil scientifique de l’ANR n’ait été associé inquiète le RES.

« Fermer un registre de malformations, c’est se priver d’un outil pour mieux comprendre le lien avec l’environnement. C’est vraisemblablement l’objectif recherché », l’argument budgétaire étant un prétexte, car s’il est un domaine qui ne doit pas être touché par les restrictions budgétaires, c’est bien celui-là, car c’est un investissement qui permet à la fois des gains de santé et des gains économiques souligne le RES.

En totale contradiction avec le PNSE

Ces décisions sont en totale contradiction avec l’objectif affiché par le Plan National Santé Environnement affirment le Réseau Environnement Santé, l’association Générations Futures et la Fondation Sciences Citoyennes qui demandent au Comité National des Registres de s’expliquer sur la forme et sur le fond de sa décision et aux ministres concernés de revenir sur cette décision.

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